Coronavirus : Continuer à travailler
Après un moment de flottement à la mise en place du confinement, l’agriculture s’organise et essaye d’anticiper. Mais l’exercice est difficile.
Il n’y avait pas beaucoup de fraises à ramasser ce jeudi matin au Mas Ay à la sortie d’Ille-sur-Têt mais elles l’ont été avec précaution. Les deux salariés de Cedric et Déborah Sanchez portent des gants et un masque, comme leur employeurs. « Ce n’est pas obligatoire, mais c’est une manière pour nous de les protéger et de les rassurer peut-être » explique Cédric alors que la récolte de ciflorettes s’achève. Si le marché est encore là, ils se demandent tous deux combien de temps ça va durer, s’ils vont pouvoir continuer à écouler leur production. « Rien que pour la mise en place des 3 000 m2 de fraises, j’en ai pour 30 000 euros qu’il faudra bien que je paye » détaille-t-il. L’inquiétude, légitime, est palpable dans leurs propos. À quelques kilomètres de là, à Thuir, Ille Roussillon prépare des salades et des artichauts pour ses clients dans toute la France. « Nous avons renforcé toutes les mesures de sécurité sanitaire » explique Julien Batlle, renforcé le lavage des mains et décomposé le travail pour que nos salariés soient moins proches les uns des autres et limiter les contacts. »
Compliqué pour l’industrie
En conséquence, ce sont deux lignes de tris qui opèrent sur les artichauts, et trois sur les salades « alors que d’habitude à cette période de la saison, c’est plutôt une ligne artichaut et deux salades, c’est moins rentable mais ça protège les salariés » poursuit-il. L’entreprise a fait un stock de masques que les salariés portent en travaillant. Elle est même aller chercher des masques plus isolants pour les chauffeurs routiers pour qu’ils n’aient pas à attendre à l’entrée des magasins. Et le marché ? « Pour l’instant, ce qu’on constate, c’est que tout ce qui est distribution organisée, les grades surfaces fonctionne presque normalement. Par contre, c’est beaucoup plus compliqué pour l’industrie… » À l’heure où déjà est évoquée une prolongation du confinement, Julien Batlle redoute des ruptures sur les emballages. « La semaine prochaine, le gouvernement sera obligé de faire redémarrer certains secteurs sinon ça va être compliqué » veut-il croire. Au Mas Ay, Cédric Sanchez voit lui venir le temps de l’éclaircissage et la demande qu’elle implique en main d’œuvre, le plus souvent venue d’Espagne… Mais pour l’instant, il y a d’autres chats à fouetter. Au moment de faire la photo, Cédric lance, derrière son masque, « ce n’est pas la peine qu’on sourit hein ? ».