J’aime tout et tout le monde !*

J’avoue que dimanche dernier, alors que je m’aérais en pleine nature, j’ai été médusé par la vision des masques qui “ornent” le visage de la population. Une population à laquelle l’on a indiqué durant des semaines l’inutilité de cet oripeau et à laquelle, dorénavant, l’on impose celui-ci pour, au nom du fameux principe de précaution, se protéger. Mon esprit tordu ou ma parfaite lucidité (au choix de ceux que je peux indisposer par mes écrits ou des autres qui peuvent les partager) m’incite, pour ma part, “en même temps”, à considérer de façon duelle cet affublement. Ainsi, de façon moins manichéenne que l’on veut nous le faire croire en le présentant comme l’ultime bouclier de notre intégrité physique, j’assimile cette image du masque à un bâillon imposé par les inquisiteurs du nouveau monde qui, de façon très subtile, tels les sirènes qui tentèrent de séduire Ulysse et ses compagnons pour les mener à la mort, veulent nous réduire au silence par l’entremise de l’ensorceleuse Avia.
J’espère qu’il n’a pas échappé aux lecteurs de l’Agri – qui ne sont pas des moutons – que la loi contre la haine dite “loi Avia”, votée par l’Assemblée nationale, va insidieusement peu à peu endormir notre esprit et de façon tout aussi perfide altérer notre liberté de parole et de conscience. L’injure, la provocation ou l’appel à la haine contre des personnes en raison de leur religion, orientation sexuelle ou origines, la négation et l’apologie des crimes contre l’humanité et le harcèlement sexuel en ligne sont concernés.
Bien sûr, Internet a libéré sans entrave les tonneaux de haine et de bêtise, désormais déversés à loisir sur le monde entier sans redouter la moindre conséquence. Et cela, il faut bien évidemment le condamner et le combattre fermement ! Mais de là à confier à Facebook, Twitter ou autre YouTube la mission de supprimer les “contenus haineux” et soustraire par une loi liberticide ce qui aurait dû relever de l’autorité judiciaire… Où s’arrêtera-t-on ?

Cette politique du “en même temps” commence à peser sur les neurones
Ainsi, bientôt faudra-t-il que tout le monde s’exprime comme Molière et enfile les alexandrins alors qu’il suffisait d’interdire les “pseudos” ou les fausses identités sur les réseaux sociaux et de commander un constat d’huissier à l’encontre des chantres de la vulgarité et de la haine. Cette politique du “en même temps” commence à peser sur les neurones. À partir du moment où on est pour la censure contre la vulgarité, le racisme, le sexisme, ou toute autre intolérance on ne peut pas dire qu’on est pour la liberté d’expression. Celle-ci concerne l’expression d’opinions qui peut heurter les autres, évidemment, mais si l’on veut être un tantinet pragmatique, on ne voit pas pourquoi on aurait besoin de liberté pour tenir des propos consensuels.
Bâillonner le peuple finit toujours mal. Il eut été plus sage que le législateur adopte le précepte de Sacha Guitry : “Si les gens qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d’eux, ils en diraient bien davantage.” J’adore et j’y souscris ! Tout dans la nuance ! C’est vivifiant dans la médiocrité ambiante.

*Avec ce titre je suis (presque) sûr de ne pas être censuré.

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