Irrigation : bien penser son projet ! [par Yann Kerveno]

Pour Marc Gelly (ICV), penser le développement de son irrigation en vigne implique de prendre garde à plusieurs obstacles. Revue de détail.

Dans certaines zones, quand elle sera possible, l’irrigation va revêtir un caractère indispensable. Pour autant, pas question de se précipiter au risque de faire des erreurs délétères. “Nous avons de grandes lacunes en France sur la question de l’irrigation, les agriculteurs manquent cruellement de formation et cela peut nuire à l’heure de la conception de leurs réseaux” estime Marc Gelly qui travaille au quotidien sur ces questions. Il propose ainsi une espèce de marche à suivre pour éviter une foule de problèmes lors de la mise en service et de l’utilisation des réseaux.

“La première chose à faire, c’est de faire appel à un bureau d’études pour la conception du réseau. En général, les gros prestataires du secteur ont leur propre bureau d’études et c’est un passage obligé, surtout s’il y a du dénivelé dans les parcelles. Il faut pouvoir correctement dimensionner et adapter le réseau à cette contrainte pour amener l’eau de façon homogène partout” explique-t-il en préambule. “Ce sont des calculs qui ne sont pas nécessairement compliqués mais qui sont indispensables.”

Filtres et vannes

Deuxième point sur lequel il attire l’attention : la filtration. “Même si les réseaux modernes livrent une eau filtrée, il ne faut pas faire l’économie de son propre système de filtration pour se mettre à l’abri de tout problème. Il faut garder à l’esprit qu’il est plus facile et moins onéreux de changer le filtre, les éléments filtrants, qui sont des consommables, que l’ensemble du système s’il est colmaté… J’ai tendance à considérer que c’est même le point critique d’un système d’irrigation sur lequel il ne faut pas hésiter à mettre un petit billet de plus.”

Troisième point qu’il considère comme essentiel : les vannes. “Il me semble utile de regrouper les vannes en un seul endroit, propre, facile d’accès et qui permet de travailler sans contrainte. Cela coûte peut-être un peu plus de linéaire de tuyau, quelques dizaines d’euros, que de les installer en entrée de chaque parcelle, mais c’est un confort qui en vaut la chandelle” recommande-t-il. “Avec les vannes sur les nourrices, on appelle cela aussi des clarinettes, on limite le risque d’en oublier une et on peut ensuite automatiser plus facilement si tout est en un seul point… C’est aussi plus simple à gérer pour les maintenances, les mises en hivernage”.

Ne rien négliger

Quatrième point, le suivi. “Pour ça, je recommande aussi l’installation d’un compteur volumétrique qui enregistre les données, cela permet plus de précision, de savoir ce qui passe comme eau…” Quant au choix du système, aérien ou enterré, il est souvent assujetti au décret d’appellation (AOC) comme le rappelle Marc Gelly. “Chaque système a ses avantages et ses inconvénients. Avec l’irrigation enterrée, qu’on ne peut pas utiliser partout et qui présente des difficultés en cas de passe, on a une efficacité de 100 %, ce qui n’est pas le cas avec l’irrigation aérienne sur fil pour laquelle on a des risques de casse…” Le choix sera donc fait en fonction du contexte mais il insiste sur un point souvent négligé, la dilatation. “Lorsqu’on installe, c’est un paramètre à prendre en compte, c’est indiqué sur la notice, car souvent on veut que ce soit tenu pour faire propre, mais c’est s’exposer à des incidents si on ne laisse pas le matériau jouer avec les températures.”

Enfin, dernier conseil qu’il juge impératif : l’installation d’un système de purge, plutôt avec l’aide d’une vannette plus facile à mettre en œuvre… Sans oublier l’entretien régulier, le nettoyage du filtre. “Si l’on n’est pas précis dans son installation, le risque est de créer de l’hétérogénéité dans les parcelles avec des quantités d’eau apportées inégalement. Et pour ceux qui font de la fertirrigation, le risque est multiplié par dix. Ce sont des installations qu’on met en place pour quarante ans, mieux vaut ne pas se tromper !”

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