Aloe vera : une nouvelle filière en perspective [par Thierry Masdéu]

Après 3 ans d’expérimentations en terre audoise, le projet de mises en culture de plantes aromatiques, d’aloe vera et du nopal avec ses figues de barbaries, renforce les espérances et choix d’orientations en diversifications culturales de Laurent Maynadier, viticulteur au domaine “Le Champ des Sœurs” à Fitou (voir Agri nº 3773 du 17/06/2021).

En partenariat avec les Chambres d’agriculture et l’Agence de l’eau, cette phase expérimentale de plein champ a permis de relever les méthodologies culturales les mieux adaptées pour ces plantes peu gourmandes en eau. 
Des attentes qui confortent le vigneron tout comme sa quête parallèle de débouchés commerciaux, notamment avec l’aloe vera, une plante qui ouvre des perspectives prometteuses de marché. “Aujourd’hui, on a déjà identifié 3 acheteurs potentiels : Greentech sur Clermont-Ferrand, Phyt’s à Alénya et sur Cahors, et France Ginseng basé à Toulouse, avec des préaccords de commandes pour un volume à plus de 60 m3 de gel produit !” avance avec enthousiasme Laurent Maynadier, initiateur et fer de lance du projet. “Cela représenterait pour du plein champ une surface de production de plus de 30 hectares, à 4 000 pieds l’hectare. C’est une posture inédite, on a créé le marché mais pour l’instant on n’a pas les volumes disponibles pour satisfaire la demande.”

Une situation qui ne semble plus anecdotique, car pour répondre aux préoccupations de l’empreinte carbone vis à vis de leur clientèle, la tendance des laboratoires cosmétiques et pharmaceutiques s’orienterait de plus en plus vers des achats de matières premières fraiches en local ou national, plutôt que de les importer desséchées, sous forme de poudre, de pays comme l’Inde ou le Mexique. Une opportunité de diversification pour les maraîchers qui d’ores et déjà fait l’objet d’une concordance entre les Chambres d’agriculture de l’Aude et des P.-O. pour la mise en œuvre d’une nouvelle filière.

Plantations de nopal avec figues de barbaries.

Produire et transformer in situ

“Effectivement nous sommes actuellement en phase d’expérimentation pour conforter ce qui a déjà été fait avec monsieur Maynadier et l’étendre aux Pyrénées-Orientales et l’Aude. Le but est de développer et de valider à plus grande échelle cette culture à l’abri du gel avec des parcelles sous serres classiques et photovoltaïques” souligne avec assurance Gérard Deleuse, chargé de mission PPAM Inter-Bio Occitanie, en étroite collaboration avec Nicolas Mansouri, technicien à la Chambre d’agriculture des P.-O. “Nous sommes en train d’acclimater et d’apprivoiser techniquement ce type de production pour acquérir le maximum de connaissances en agroforesterie, en irrigué, en sec, sous abris, sous abris antigel, etc. Afin de proposer des modèles de cultures économiques au-delà de la phase expérimentale.” Des prémisses concluantes pour le viticulteur de Fitou, auxquelles il souhaite déjà ajouter une nouvelle étape : la création d’un atelier in situ de première transformation.

“Pour un exploitant, le coût de cette installation est estimé environ à 200 000 €. Elle représente un amortissement rapide sur quelques années qui se calcule à partir d’un rendement de 13 hectares, sachant que le revenu moyen à l’hectare est de 8 000 € !” selon Laurent Maynadier, très cartésien sur la faisabilité de ce nouvel outil et sur la valorisation du produit. “Mais il peut aussi servir de base d’accueil en prestations pour des exploitants qui ne souhaiteraient pas en avoir la charge.” D’ici deux ans, l’atelier de première transformation “Le Champ des Sœurs” devrait pouvoir fournir le marché des cosmétiques et pharmaceutiques en gel d’aloe vera “Made in Fitou”. Mais pour l’heure, cet héritier d’une lignée de treize générations de vignerons planche également sur une IGP Occitanie pour éviter, demain, certains abus et préserver l’origine des futures plantations d’aloe vera. Une étape qu’il estime comme indispensable pour garantir une sécurité et une éthique de production à la fois pour les exploitants et les acheteurs. À suivre… 

Contact : Le Champ des Sœurs
06 03 68 26 94
https://www.champdessoeurs.fr/fr

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