AOP pêche, nectarine, abricot : quinze ans et de beaux résultats [par Yann Kerveno]
L’AOP pêche, nectarine, abricot va fêter ses 15 ans au Medfel. On rembobine l’histoire avec son président, Bruno Darnaud, producteur de pêches dans la Drôme.
L’AOP est née de la fin des comités économiques… Comment cette transition s’est-elle déroulée ?
C’est une réforme majeure parce que de quelque chose d’obligatoire qui permettait d’aller chercher des financements, nous sommes passés à une organisation de type volontaire où il n’y avait pas de budget à aller chercher. Ce que l’AOP a été chargée de faire, c’est de parvenir à repositionner nos pêches et nectarines face aux produits espagnols et ce malgré un coût de production plus élevé. Une des clés aura été de rejoindre la démarche vergers écoresponsables lancée quelques années auparavant par l’AOP pommes poires, pour entamer un travail de différenciation qui a, depuis, porté ses fruits. On était, en plus, à un moment paroxystique de la concurrence avec l’Espagne qui mettait à mal la production française avec des prix très bas.
En quinze ans, nous sommes parvenus à rassembler une grande partie des entreprises, coopératives ou privées, puisque l’AOP regroupe 80 % de la production française aujourd’hui et 67 % de la production d’abricots qui nous a rejoints en 2015. Mais surtout, nous avons tissé des liens étroits avec la grande distribution qui nous permettent, même si cela reste souvent complexe, de préparer et d’assurer les saisons en bonne intelligence. Cela permet à tout le monde d’anticiper sur la base des prévisions de récolte, de placer correctement les actions de promotion. Et cela évite des visites de producteurs dans les magasins !
Comment la production a-t-elle évolué depuis ?
Aujourd’hui, ce n’est pas aux lecteurs de l’Agri que je vais l’apprendre, l’essentiel de la production de pêches et nectarines françaises est déployé dans deux bassins : le Roussillon qui produit la majeure partie des volumes de l’ancienne région Langudoc-Roussillon avec un potentiel de 80 000 tonnes et la plaine de la Crau qui réalise une bonne partie des productions de la région PACA avec un potentiel de 60 000 tonnes. Des volumes qui sont d’ailleurs réalisés pour partie par des entreprises du Roussillon qui y ont développé ou racheté des vergers.
Et comment envisagez-vous l’avenir ?
Les enjeux restent importants. Si le taux de renouvellement des vergers en pêches et nectarines permet d’espérer un maintien du potentiel de production à moyen terme, les producteurs sont toujours attentifs aux innovations, comme la nectarine plate qui intéresse aujourd’hui, puisque les Espagnols ont mis la main sur les pêches plates. Mais nous sommes sous le coup de plusieurs menaces du côté des produits phytos. On espère surtout qu’on ne nous laissera pas sans solution même si nous faisons évoluer le cahier des charges des vergers écoresponsables vers l’agroécologie.
Et pour l’abricot qui a traversé quelques années compliquées ?
Du côté de l’abricot, qui a rejoint l’AOP en 2015, la problématique est un peu différente. Il y a pour le coup un problème de renouvellement du verger qui fait craindre pour le maintien du potentiel de production avec le risque, à terme, que nous ne produisions plus suffisamment pour intéresser la grande distribution. Mais les solutions sont plus compliquées à mettre en œuvre. Et nous avons aussi encore un gros travail à fournir sur les variétés, bien trop nombreuses encore, pour gagner en qualité.
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