Gros temps au CIVR
La semaine passée fut très agitée autour du Conseil interprofessionnel des vins du Roussillon (CIVR). Stéphane Zanella pourra-t-il rester président, comme il le souhaite, après son départ de VICA ?
Les assemblées générales du CIVR se suivent et finissent par se ressembler. Ou presque. En juillet dernier, lors de la précédente assemblée générale, la production avait boycotté l’assemblée et, selon nos informations, aucune réunion n’avait été tenue avant la fin de l’année 2023. Puis il a eu le report de la nouvelle assemblée générale, prévue à la mi-décembre, au neuf janvier dernier. Et cette rumeur, insistante entre toutes, qui donnait Stéphane Zanella, président du CIVR, sur le départ de son poste de directeur général de VICA (ex-Vignerons catalans).
Si le budget 2024 a été voté lors de l’assemblée générale, moins quatre abstentions, l’ambiance était pour le moins surréaliste si l’on en croit les témoignages, nombreux, parvenus depuis à l’Agri. Avec une ambiance de règlement de comptes où “tout le monde en a pris pour son grade” selon les mots d’un élu. Pas de quoi en tout cas, comme l’ont fait remarquer certains, “donner une belle image de la profession devant le parterre d’officiels habituellement convié à l’assemblée générale”. Et puis vint le coup de tonnerre. La confirmation de l’éviction de Stéphane Zanella de son poste de directeur général de VICA, dont la presse s’est largement emparée puisque l’information dépasse le seul cadre de l’entreprise.
Chaises musicales ?
À l’annonce de ce départ, les questions n’ont pas manqué de fuser. Peut-il rester président de l’interprofession s’il n’est plus salarié de VICA ? Stéphane Zanella, qui n’a pas répondu à notre sollicitation, affirme partout qu’il entend bien aller au bout de son mandat en juin prochain. Il a fallu plonger dans les statuts du CIVR pour y voir clair. De fait, il n’est pas élu au CIVR sous l’étiquette VICA, mais en tant que membre du Syndicat des négociants. Tant qu’il reste membre du syndicat, il n’y a donc pas d’obstacle “technique” à ce qu’il reste…
S’il affirme vouloir le faire, le Syndicat des négociants n’a, pour l’instant, pas statué sur la question et n’a donc pas de position officiellement définie dans l’attente d’une réunion fixée au 30 janvier prochain. S’il devait partir, commencerait alors un jeu de chaises musicales dont les interprofessions ont le secret. L’intérim serait assuré par Régis Ouguères (Terres Plurielles), jusqu’à ce que le Syndicat des négociants nomme un nouveau candidat à la présidence pour achever le mandat et céder le tour, comme le prévoient les statuts, à la production, en juin prochain.
Grandes manœuvres ?
C’est Jean-Christophe Bourquin (cave de Case-de-Pène) qui essaye pour l’instant de rassembler “une équipe nouvelle avec des vignerons qui souhaitent s’investir” pour relever ce challenge… Mais les grandes manœuvres ne sont peut-être pas terminées. La sortie du Cru Banyuls du CIVR a allumé une mèche et ravivé d’autres volontés sécessionnistes, du côté de l’IGP Côtes Catalanes, présidée par Laurent Girbau, ou encore du côté des Côtes du Roussillon, présidés par Jean-Philippe Mari, qui tous deux pourraient se voir très vite contester leur leadership (l’assemblée générale de l’IGP Côtes Catalanes avait lieu ce mardi).
Et pour VICA ? “Stéphane Zanella quittera l’entreprise à la mi-février et la séparation se fait d’un commun accord, mais il n’y aura pas de vacance de direction” expliquait Fabienne Bonet, “je suis PDG de l’entreprise, nous verrons plus tard s’il y a lieu de recruter un nouveau directeur général ou non.”
Yann Kerveno