Glyphotests, la manipulation mise à jour (par Terre de Touraine)
Les enquêteurs du réseau FNSEA ont remis à la justice les résultats de leur enquête sur les glyphotests bidons. C’est une manipulation, venue d’Allemagne. L’affirmation “99 % des pisseurs avec des traces” s’effondre. Les pisseurs de base ont été bernés.
EN 2017, les parlementaires européens EELV et Générations Futures ont mis en avant des tests qui, soi-disant, démontraient la présence de glyphosate dans l’urine. Les “pisseurs involontaires de glyphosate” les ont ensuite utilisés comme support de plaintes collectives partout en France.
L’enquête du réseau FNSEA (et de CETACB36), de Terre de Touraine et celle du pharmacologue Joël Guillemain, publiée dans l’édition d’avril 2021 de Science et pseudo science, démontre que ce test, réalisé par le laboratoire allemand Bio Check, est une manipulation. Au lieu de 99 % des pisseurs avec des traces, il en reste moins de 20 % à des niveaux encore plus infimes.
Jeudi 8 avril, à Tours et Châteauroux, les enquêteurs ont remis les éléments du dossier au procureur. “Nous allons informer des parlementaires. Les responsabilités de chacun dans cette manipulation doivent être établies”, expliquent Michel Vaudour (37), Denis Carroy (36), F. Pellerin (56), F. Arnoux (85), B. Cardot (02) et J.-J. Hautefeuille (45), les animateurs du collectif “Notrefuturdansleschamps”. “L’opinion a été manipulée. Il n’y a aucun motif sanitaire pour interdire le glyphosate. La molécule doit être renouvelée en 2022.”
Une véritable supercherie
Pourquoi a-t-il fallu attendre 4 ans pour que la vérité éclate ? Plusieurs raisons. Tout d’abord la complicité tacite du gouvernement de l’époque, qui avait intérêt à ce que l’opinion valide la décision dogmatique de Nicolas Hulot : un contre-test était pourtant simple. Mais il aurait fallu que le gouvernement explique aussi que les agences de tous les pays (et l’OMS) sont en désaccord avec le classement cancérogène probable du CIRC !
Initialement, en 2016 en Allemagne, les agriculteurs (pour ne pas faire de vagues ?) et le gouvernement n’ont pas suffisamment réagi aux 2 000 tests réalisés dans les magasins bio. Malgré son écho limité, en pleine campagne présidentielle, l’importation du test en France avait convaincu les médias parisiens et constitué le socle de la campagne des pisseurs. Peu de journalistes français ont osé s’attaquer à Générations Futures ou Élice Lucet. Et dès qu’ils l’ont fait, ils ont été mis en cause sur les réseaux sociaux.
Une autre explication est l’énormité du mensonge. Les mondes agricole et scientifique (trop honnêtes ?) n’avaient pas soupçonné que les ONG puissent valider et diffuser une telle supercherie.
Terre de Touraine
Par Jean-Yves Chauveau
Générations Futures a importé la manipulation
C’est Générations Futures (GF), relayée par Le Monde, qui a importé les glyphotests de Bio Check en France, le 6 avril 2017. 30 tests avaient été réalisés, dont ceux des humoristes de “Par Jupiter” (France Inter). L’argumentation de GF pour donner du crédit aux tests reprend toutes les briques de la construction de la manipulation, créée par ce puissant lobby anti-glyphosate, très introduit dans les médias et ministères.
GF pouvait-elle ne pas savoir ?
Le BFR, l’équivalent de l’Anses en Allemagne, avait totalement démenti la première campagne de Bio Check réalisée sur le lait maternel en 2015-2016 et les positions très contestées de Monica Kruger auraient dû alerter GF. Et surtout, GF écrit que l’étude “montre une corrélation suffisante”. Un collégien aurait trouvé suspect de ne retenir que 14 tests sur 301 ! Un élève policier ou journaliste aurait demandé à lire le protocole du fabricant ! En tout état de cause, c’est une énorme faute déontologique pour GF dont les donateurs bénéficient de 60 % de réduction d’impôt.
Des pisseurs de base bernés
La “Campagne glyphosate” a été initiée par l’avocat des “faucheurs volontaires”, mouvement radical contre les “OGM cachés”. Ils ont créé l’association “Campagne glyphosate” (CG). Leur communiqué du 7-11-2019 ironisait sur les tests des FDSEA et la fiabilité du CHU de Limoges. Les références citées démontrent qu’ils ne pouvaient pas ignorer la déficience du test Elisa. Interrogé en février 2021, un responsable angevin de CG indiquait : “À la suite de votre alerte, j’ai questionné nos responsables nationaux. Ils maintiennent que le test est fiable. Nos avocats conservent les preuves dans l’attente du procès”. Chacun a compris que les militants de base, honnête gens, ont été totalement bernés. Le collectif les rappelle à leur responsabilité citoyenne : “S’ils respectent l’institution judiciaire, ils doivent retirer leur plainte”.
Fait troublant, “Campagne glyphosate” a été lancée après un procès lié à la destruction de bidons de glyphosate. Les militants font des appels aux dons pour financer les frais de justice et d’avocat. Bio Check facturait le test 45 € HT (le labo Barbier de Metz, 35 €). Pourquoi son tarif est-il passé à 70 € HT ?
Et Élise Lucet ?
L’émission Envoyé Spécial du 17 janvier 2019 avait donné un écho national aux glyphotests. Les mensonges de CG ont ainsi été relayés avec encore moins de difficultés dans les médias. À défaut de vérifier la sincérité du test, Élise Lucet avait choisi les mots pour ne pas être attaquable en justice. L’enquête donne raison à ceux qui pensaient que son militantisme l’avait, au minimum, aveuglée.
À lireLes sources détaillées de l’enquête (73 tests croisés, l’article Joel Guillemain…) sont à retrouver sur https://sites.google.com/view/glyphosateconference. |