Gel : des dégâts en Conflent et en Vallespir [par Yann Kerveno]

Pour la deuxième année consécutive, le gel a frappé dans les Pyrénées-Orientales. Et même si l’ampleur est moindre qu’en 2021, l’impact sera fort sur les exploitations touchées deux fois de suite.

Nous avions choisi d’être patients la semaine dernière à l’heure du bouclage lundi, pour évoquer le gel. Tous les échos que nous avions pu entendre faisaient état de dommages alors à la marge. Puis il y a eu ce mardi matin revenu en mettre une couche en forme de douche froide. Dans la vallée de la Têt, les dégâts commencent à Bouleternère et vont crescendo jusqu’au cœur du bas Conflent et aux alentours de Prades. Dans la vallée du Tech, ce sont les cerisiers et les abricotiers qui ont encore payé un lourd tribut à ce gel de printemps. Quelques poches de froid ont aussi provoqué des pertes dans les parcelles de bas-fond des Aspres. “Dans les zones touchées, les dégâts sont très importants sur les fruits à noyau et en Conflent, même sur certaines variétés de fruits à pépins, pommes ou poire” détaille Éric Hostalnou, chef du service Fruits et Légumes de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales. “Les températures sont descendues tellement bas, jusqu’à – 5°C du côté de Prades et – 3,5°C en Vallespir, que les tours à vent se sont révélées incapables de limiter la casse. La couche d’air était trop épaisse, elles n’ont fait que brasser de l’air froid. C’est pourquoi les dégâts sont très importants avec de 80 à 90 % de pertes.” Pour le Conflent c’est la deuxième année consécutive de gel. Pour le Vallespir, c’est la pluie qui avait massacré une partie de la récolte de cerises en 2021.

Démunis

Si les procédures habituelles de calamités agricoles ont été enclenchées, Éric Hostalnou s’avoue un peu démuni devant la succession de gels car le paradoxe est complexe. Avec d’une part une végétation qui démarre en fanfare et des gelées importantes survenant plus tard, les systèmes de protection contre le gel, aspersion, tour à vent ou chaufferettes ne garantissent pas le succès de la lutte antigel. “Et tous ces systèmes coûtent cher, alors, s’ils n’assurent pas de sauver les récoltes et que de l’autre côté les producteurs ne sont pas sûrs de rentabiliser l’investissement par la vente de leurs fruits…” résume-t-il.
Sur le terrain, la portion de territoire touchée par le gel ne mettra pas la récolte en danger mais, individuellement, pour cette deuxième année consécutive de calamité, certaines situations vont vite se révéler très délicates. Dans l’Aude, des dégâts sont signalés sur la vigne dans le secteur du Limouxin. Nos voisins espagnols ne sont pas logés à meilleure enseigne, 37 000 hectares de vergers ont également gelé début avril, rayant de la carte la récolte d’une partie des fruits à noyau et des amandes.

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