Fruits, légumes, vin : les “sacrifiés” de la PAC ! [par Jean-Paul Pelras]

Comment sortir de l’impasse ? Oui, comment sauver d’une faillite quasi-certaine viticulteurs, arboriculteurs ou maraichers, qu’ils soient roussillonnais, audois ou établis sur le pourtour méditerranéen français, la plupart impactés par la sècheresse et par une conjoncture économique tout autant catastrophique que pérenne ?

Bien sûr il y a les réunions, les cellules de crise, les dossiers que l’on monte, les ministres que l’on rencontre, les préfets qui arrivent et ceux qui s’en vont, les visiteurs du soir qui n’osent plus manifester, les politiques qui promettent d’interférer, ceux qui ne peuvent pas car ils ne sont pas dans la bonne majorité… Et patati et patata… Sachant qu’il y a, aussi et surtout, le temps qui passe plus vite que les désillusions et le découragement de ces agriculteurs rompus à la même rengaine depuis trois générations. Ensuite, adviennent au bout de quelques mois, les conditions d’éligibilité, les critères d’attribution, les usines à gaz qui viennent décourager ceux qui ont encore de quoi payer le comptable, faire patienter les fournisseurs, le banquier, l’assureur, les huissiers…

Mais au bout du bout, quand le couperet finit par tomber, il faut vendre ou brader, déposer le bilan et tout abandonner, trouver un boulot à la mairie, aller pousser un transpalette sur le quai d’à côté ou embaucher comme tractoriste chez celui qui, pour cette fois-ci, a pu encore s’en tirer. La réalité est là. Tout le reste n’est que littérature. La dégradation du tissu agricole dans le Midi de la France et l’extension des friches dans des proportions qui dépassent l’entendement en attestent depuis plus de 30 ans.

Pour s’en convaincre, il suffit de regarder ailleurs et de poser cette question : assiste-t-on à pareille déprise dans les régions céréalières ? Non ! Tout simplement car ce type de production est soutenue par la PAC avec des aides directes. Un secteur qui, de surcroît, du moins jusqu’à ces dernières années, n’a pas été concerné par les distorsions de concurrence ayant sévèrement impacté les productions viticoles, fruitières ou légumières. Productions qui sont uniquement tributaires du marché et ne bénéficient pas du soutien européen, amortisseur économique versé à l’agriculture française pour un montant annuel avoisinant 10 milliards d’euros. Des subsides qui concernent, certes, toutes les productions si l’on tient compte du second pilier avec les aides spécifiques, mais qui sont principalement allouées, via le premier pilier et moyennant 75 % du budget global, aux filières céréales, oléo-protéagineux et élevage.

Partager !

Résultat des courses, les secteurs non soutenus déclinent, perdent en compétitivité partout où la friche et le béton sont venus remplacer jardins, vignes ou vergers. Pour ne citer qu’un seul exemple, évoquons la production française de pêches et nectarines, principalement située dans le Sud de la France, qui est passée, en deux décennies, de 400 000 à 200 000 tonnes, pendant que l’Espagne progressait de 500 000 à 1,5 millions de tonnes… Et ainsi de suite, tout à l’avenant en arboriculture et en maraichage, mais aussi en viticulture où le seul département des Pyrénées-Orientales est tombé de plus de 2 millions d’hectolitres à seulement 350 000 prévus cette année.
Comment faire face sans soutiens digne ce nom quand, vouée aux gémonies du moins disant social avec, de surcroît, des distorsions fiscales et environnementales cautionnées par Bruxelles et des salaires qui vont du simple au double selon que l’on se situe d’un côté où de l’autre des Pyrénées, la situation des vignerons, arboriculteurs et maraichers est désormais comparable à celle vécue dans les secteurs textiles ou miniers français.

La solution est pourtant évidente, les grands bénéficiaires de la PAC doivent accepter une convergence des aides qui ne relève pas du gadget, qui ne joue pas la montre ou l’érosion, qui permette aux secteurs, jusqu’ici peu bénéficiaires, de pouvoir accéder aux fonds publics susceptibles de garantir le sauvetage des filières. Une alternative que les syndicats majoritaires n’ont jamais voulu considérer et encourager franchement.
Après s’être rendus au chevet des agriculteurs sinistrés au printemps dernier, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, et celui des JA, Arnaud Gaillot, seraient bien inspirés de revenir dans le Midi, dans l’Aude, dans les P.-O. Non plus pour s’apitoyer, mais désormais, osons le terme approprié, pour partager !

Une réflexion sur “Fruits, légumes, vin : les “sacrifiés” de la PAC ! [par Jean-Paul Pelras]

  • 16 septembre 2023 à 14 h 49 min
    Permalien

    J Paul
    Ancien responsable agricole pendant 18 ans (policulture élevage ovin) j ai bien connu la mise en place de la PAC et fonc des productions aidées et des productions non aidées.
    Je peux te garantir que si les fruits légumes etc et certaines productions animales ne font pas partie des productions aidées c est parce que ces producteurs et leurs organisations ont refuser de rentrer dans la Pac car à cette époque là , la Pac leur imposait des contraintes et ils avaient donc plus d intérêts à rester en dehors.

    Répondre moderated

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *