Et pendant ce temps, il s’amuse … (Par Jean-Paul Pelras)
« Il l’a fait, putain, il l’a fait » se sont certainement exprimés, hilares depuis leurs canapés, les amuseurs McFly et Carlito quand Emmanuel Macron retourna le portrait qu’il tenait entre ses mains lors d’une allocution prononcée à l’occasion de la rentrée scolaire. Portrait où figuraient les deux Youtubeurs reçus en mai dernier à l’Elysée afin d’y disputer un concours d’anecdotes avec le président de la République. Compétition où les candidats étaient arrivés ex æquo. D’où les gages infligés aux participants. McFly et Carlito ayant accompli le leur en s’invitant le jour du 14 juillet à bord d’un avion de la Patrouille de France et le premier d’entre nous s’étant engagé à montrer ses deux comparses lors d’une prestation télévisée. « Aie…, il l’a fait. » se sont peut être dit, beaucoup moins enthousiastes, Jean Castex, quelques membres de son gouvernement et autres députés de la majorité. Comment en effet un Premier ministre rompu à la rectitude du devoir, comment des élus qui, depuis des mois, sont confrontés aux atermoiements d’une crise à la fois sanitaire et économique inédite, peuvent-ils cautionner pareil spectacle, pareille pitrerie ? « Il l’a fait, formidable, il l’a fait » se sont probablement exclamés ceux qui, dans un déni récurrent de mascarade, trouvent à celui qui sera probablement candidat à sa succession des circonstances atténuantes, une certaine modernité, une tendance à rafraîchir, le don d’émoustiller… « Il l’a fait, c’est inadmissible … » dénoncent ceux qui traités de « réacs » par les autres osent rappeler que l’heure n’est pas à la badinerie.
Au-delà du gage …
« Tiens, pendant ce temps, il s’amuse » on peut être pensé Poutine, Biden, Merkel, Xi Jinping, Johnson, Bolsonaro, Bachar el Assad, Kim Jong Un, tenants pour les uns de l’équilibre et, pour les autres, du déséquilibre des nations. Et oui, il l’a fait, alors qu’il aurait pu ne pas sombrer dans cette énième péripétie tragi-comique, celle où le représentant de la cinquième (sixième ou septième …) puissance mondiale prouve une fois de plus qu’il est capable d’impéritie, de distractions juvéniles et, osons le terme, de mépris. Car la question que nous devons tous nous poser est peut-être la suivante : au-delà du gage, qu’est ce qui a poussé le président de la République Française, empêtré dans l’écheveau de ses responsabilités, à prendre le temps d’organiser cette mise en scène, à choisir le moment opportun pour retourner le cadre, à citer la petite phrase des deux troubadours qui va avec le geste, à verser dans la pitoyable affliction ? Si ce n’est, en définitive, le pathétique stratège des provocations.
Jean-Paul Pelras