Élevage porcin : une filière en devenir ?

Dans un contexte de développement des installations en élevage porcin, la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales a mené une étude, l’an dernier, sur l’état de cette micro-filière, son potentiel et ses freins. État des lieux.

Si le porc a toujours été présent dans les familles rurales catalanes et avec lui une importante tradition charcutière, la professionnalisation de cette activité n’a débuté que dans les années 2000, avec, d’une part, en 2005, la naissance du cochon qui allait être commercialisé par la Coopérative catalane des éleveurs sous la marque Tirabuixo, et, simultanément, la décision de Cathy Vassail, éleveuse à Mosset, de diversifier son exploitation d’oies gavées en mettant en place un atelier de porcs de plein air. Dans une étude réalisée en 2016, la technicienne de la Chambre d’agriculture des P.-O. Nathalie Baills explique cet historique et dresse l’inventaire : “le Groupement de défense sanitaire répertorie 67 détenteurs de porcs dont une dizaine d’exploitations sont déclarées Installations classées pour la protection de l’environnement (+ 50 porcs présents en simultané). En 2015, sur l’abattoir de Perpignan, 16 977 porcs ont été abattus pour un volume de 1 569,3 tonnes et sur Bourg Madame 1 099 porcs ont été abattus pour un volume d’environ 110 tonnes. Sur les deux abattoirs ce sont globalement près de 4 000 porcs abattus issus d’exploitations des Pyrénées-Orientales sur 2015 et le premier semestre 2016.”
On compte actuellement une vingtaine d’exploitations avec atelier porcin spécialisé ou en diversification dans les Pyrénées-Orientales, dont plusieurs installations ces dernières années. Elles restent globalement sur des schémas de petites tailles : l’an dernier, seules trois d’entre elles produisaient entre 450 à 850 porcs par an, les autres moins. Les modes d’élevages et voies de commercialisation sont variés. Ainsi, trois éleveurs produisent du Tirabuixo (exclusivement sur paille) pour la CCE(1), dans le cadre d’ateliers d’engraissement complémentaires à du bovin allaitant. Les autres éleveurs-engraisseurs sont aussi, pour certains, bouchers et travaillent pour la plupart en plein air. Quelques uns sont sous label AB, ce qui impose d’être naisseur.

Un frein : trouver le lieu d’implantation
“Pour les nouveaux installés, la principale difficulté évoquée est celle de trouver du foncier”, note Nathalie Baills. “La production, même en plein air, est entachée d’une fausse image : odeurs, pollutions… Ce qui rend difficiles les implantations. Une autre des difficultés est celle liée aux obligations réglementaires de distances imposées par le RSD ou les ICPE (tiers/cours d’eau) qui est contraignante et à l’obligation de clôtures périmétrales normées coûteuses. Le fait de devoir clôturer de façon « étanche » conduit aussi à des problèmes avec les autres usagers, chasseurs en particulier. La dépendance sur l’approvisionnement en porcelets hors département du fait de l’absence de naisseurs locaux est aussi relevée pour les engraisseurs (régularité en qualité – prix – transport) ainsi que celle sur l’approvisionnement en aliment. Le fait que la production porcine, de surcroît en plein air, soit très faible sur le département, conduit aussi à une absence sur le territoire de conseillers spécialisés tant au niveau technique que sanitaire pour gérer les urgences. Les formations organisées par la Chambre d’agriculture sont fortement appréciées et considérées par les producteurs comme indispensables.”
Concernant la transformation, la principale difficulté évoquée est le manque d’ateliers locaux pour la découpe et la transformation des porcs. Un projet d’atelier collectif de transformation, en cours, pourrait répondre à ces besoins. “Les producteurs regrettent que leurs produits n’intéressent pas la boucherie-charcuterie traditionnelle et que la charcuterie catalane ne s’appuie que sur un savoir-faire et non sur l’origine des porcs.” Mais côté commercialisation, les voyants sont au vert. “Il n’est relevé aucune difficulté, pas de saturation du marché.”

F.L.

(1) Chiffres 2016

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