Une longue journée de manifestation !
Lundi 22 janvier, 9 heures.
Les tracteurs s’assemblent sur les principaux points de rendez-vous fixés par les organisateurs, au parc des expositions, à Pollestres et à Thuir. Ils prennent la route et parviennent une petite heure après à Perpignan au péage sud.
10 heures. Une cinquantaine de tracteurs se massent devant le péage fermé, appuyés par une grosse centaine d’agriculteurs. Les premières bennes sont vidées pour empêcher la reprise de la circulation, les gendarmes forment un cordon pour empêcher les manifestants de pénétrer sur l’autoroute. Jean Henric et Julien Bousquet, les initiateurs de ce rassemblement impromptu, prennent la parole, expliquant que le mouvement est spontané et asyndical parce que ce n’est plus le temps des divisions. “Nous sommes tous paysans et nous ne crèverons pas sans rien dire ni nous battre. Et que chacun est responsable de ce qu’il fait dans la manifestation.” Les revendications ne sont pas clairement exprimées, mais elles sont de toute façon connues : GNR, normes, complexités administratives, prix… Si l’ambiance est bon enfant, la tension est palpable, le manque de cadre rend le rassemblement effervescent.
11 heures.
Il est question d’esmorzar, une poignée de manifestants en profitent pour déborder les gendarmes et prendre la direction de l’autoroute avec la ferme intention de couper la circulation. Ce qu’ils parviennent à faire à deux dizaines en prenant des risques et malgré les efforts musclés des gendarmes pour les en empêcher. C’est le sens France Espagne qui est fermé d’abord. Les manifestants s’assoient par terre et attendent en agitant des clochettes. Les visages que l’on voit là ne sont pas ceux que l’on voit d’habitude dans ce type de rassemblements. La rumeur court qu’un manifestant a été interpellé.
11 h 45.
On apprend que les négociations engagées par la FDSEA et les JA avec l’État, au même moment, ont porté leurs fruits. L’exonération de la taxe sur le foncier non-bâti est complète, 100 %, et concerne toutes les productions du département.
12 heures.
Le sens Espagne France est finalement coupé à son tour, plus aucun véhicule ne passe. Se pose la question de quoi faire après ? Et quoi demander ? Une discussion s’engage, un peu brouillonne. On vote pour un plan Marshall de l’eau puis les discussions se perdent en conjectures. Du ravitaillement arrive pour se restaurer. On apprend que le manifestant arrêté sera libéré sous peu. Les autorités ont laissé jusqu’à 13 h 30.
13 h 45.
Mouvement de repli vers le péage.
14 h 45.
Le cortège s’ébranle vers la ville et fait une première halte au rond-point de la Porte d’Espagne, le temps d’allumer un feu et de bloquer la circulation.
15 h 30.
La manifestation prend le chemin de la Préfecture pour y déposer quelques chargements de détritus. Puis, les tracteurs prennent la direction de la Direction départementale des territoires et de la mer et stationnent quelques minutes devant.
17 h 30.
Le cortège s’ébranle de nouveau pour rejoindre la voie rapide et prend la direction du péage sud pour bloquer de nouveau le rond-point sur le coup de 18 h 30. Les forces de l’ordre évacuent les voitures en leur faisant faire demi-tour. Deux brasiers sont allumés sur la chaussée. Et toujours ce flottement, qui n’a jamais cessé, pour savoir ce que l’on fait ensuite. Les troupes sont fatiguées mais encore nombreuses et il faudra remettre ça vendredi.
Yann Kerveno