Ehpad : “À la niche les vieux !” [par Jean-Marc Majeau]

Franchement : je suis zoutré ! Alors, comme ça, des gens profiteraient des vieux pour se faire du pognon… J’en suis tout retourné ! D’ailleurs, je ne suis pas le seul ! Véran, Bourguignon, les députés, les sénateurs, les journalistes et même Némo, le chien incontinent du président, ont été dévastés par la lecture d’un récent brûlot qui accuse ORPEA ! Plateaux télé, radio, presse écrite : les bien-pensants se précipitent. Il s’envisage, en haut lieu, d’engager une procédure à l’encontre de ce gestionnaire privé, canard boiteux de toute la confrérie. Mais comment une telle infamie est-elle possible ? Nos pauvres petits vieux qu’on assassine, qu’on affame et qu’on laisse végéter dans leurs excréments ? Grace à Dieu, ce livre est sorti ! Sinon…

Sinon quoi ? Y-a-t-il quelqu’un dans ce foutu pays qui oserait prétendre que ces révélations sont une surprise ? Qui peut me dire, les yeux dans les yeux, qu’il ignorait que les vieillards des Ehpad étaient traités comme du bétail, abandonnés à leur déchéance, à leur désorientation, à leurs turpitudes quotidiennes ? Ceux qui veulent cautionner cet abandon, invoquent le manque de moyens humains et matériels. Cela n’en reste pas moins criminel ! Qui va me contredire ? En tous cas, pas les responsables politiques, complices ancestraux de cette gabegie, parfaitement conscients des enjeux financiers, ne serait-ce qu’au travers des Ehpad publiques dont les régions assurent la gestion ! Malgré leurs cris d’orfraies et leurs discours dégoulinant de bons sentiments, ils savent parfaitement que leurs vieillards sont avant tout une manne financière inépuisable et, accessoirement, une source non négligeable de voix aux élections ! Une fois qu’ils ont fini de distiller leurs étrennes et de répartir leur patrimoine, quand ils ne savent plus comment s’appellent leurs enfants, quand chacun des regards qui interrogent leur mémoire apporte plus d’ombres que de réconfort, quand les familles excentrées ne peuvent plus s’occuper d’eux, alors vient le temps de la vrai retraite : “À la niche les vieux !” Notre société ne les concerne plus ? Qu’à cela ne tienne, ils vont enfin se rendre utiles !

Un jackpot considérable, inépuisable et constamment renouvelé !

Il suffit, pour cela, d’une rhétorique adaptée, de projets larmoyants de “grand plan sur la dépendance” (toujours remis aux calendes grecques), de désirs “de politique volontariste, humaine et bienfaisante”, pour que tout le monde accepte l’évidence : l’entretien du “vieux en fin de vie” est un jackpot considérable ! Inépuisable et constamment renouvelé ! Quand il est nourri avec du “RonRon boulettes” et qu’il dort dans une litière pleine de déjections, le “dépendant” acquiert une valeur inestimable : un cœfficient de rentabilité de 300 % par jour ! Son “entretien” est maintenant coté en bourse !

J’entends certains s’insurger derrière leurs lunettes de presbyte… Comment peut-on écrire des choses pareilles ? Eh bien, Messieurs-Dames : parce que c’est la stricte vérité ! Et je vais même enfoncer le clou ! Les vieux sont un pactole. Les malades aussi. Les cancéreux surtout ! Tous ceux qui, avant de disparaître, peuvent faire vendre des produits, efficaces ou pas, et engraisser le PIB ! Le temps de l’empathie, de la vocation, de l’abnégation médicale d’un système de santé destiné à ses concitoyens est révolu ! Le seul et unique objectif est maintenant de faire du chiffre. En récusant les interventions les plus dispendieuses, en réduisant les durées de séjour, en privilégiant les thérapeutiques les plus chères et les plus rentables. Ce n’est pas une affabulation : c’est un constat quotidien ! Une réalité que tous les décideurs politiques, les gestionnaires et les professionnels de la santé connaissent. Un constat que feint, peut-être, d’ignorer le public. Ce public qui se voit démarché par les banques, les assureurs et tous les marchands de rêve, pour se rassurer quant à son avenir.

Personne d’entre vous n’ignore à quel point je suis en colère contre ce que nous proposent les pouvoirs scientifiques nationaux et mondiaux depuis maintenant 2 ans. Ces obligations, cette fuite en avant, ces sommes hallucinantes dépensées sans compter, sont un des outils qui vont amener notre système solidaire à la ruine. Et ouvrir définitivement la porte aux financiers rapaces qui attendent ce moment depuis des dizaines d’années ! Libre à chacun de se laisser noyer par un tsunami créé de toute pièce. Libre à tous de ne pas vouloir le dénoncer. Je n’ai pas cette forme d’hypocrisie. Faute de le crier : je l’écris ! Au fait, le PDG d’ORPEA est parti avec 600 000 € ! Comme quoi négliger les vieux, ça peut rapporter gros !

Une réflexion sur “Ehpad : “À la niche les vieux !” [par Jean-Marc Majeau]

  • 8 février 2022 à 22 h 48 min
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    Si j’ai bien lu les informations, c’est le directeur général d’Orpea qui a vendu pour environ 600 000 euros d’actions. Le fondateur a cédé ses parts pour environ 700 millions d’euros à des fonds de pension. Et il n’est pas le seul, d’autres fondateurs de maison de santé ont aussi touché le jackpot. Plus grande sera la niche……

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