Bulles : Limoux aura sa maison du vin [par yann Kerveno]
L’appellation audoise a emménagé dans de nouveaux locaux en centre-ville de Limoux et se prépare à ouvrir sa “maison du vin”, véritable vitrine œnotouristique au pays de la bulle.
Le lieu ressemble encore à un chantier en cours de finition mais l’essentiel est posé et a vocation à “accueillir toute la filière en plus des visiteurs” détaille Marlène Tisseire, directrice de l’appellation Limoux. L’espace d’exposition occupera tout le rez-de-chaussée avec un parcours pédagogique qui renseignera sur le vignoble, les cépages, les sols, les vins… Et fera le lien avec les caveaux de vente des entreprises. Le bâtiment, une ancienne maison bourgeoise du centre-ville, a également été doté d’une salle de dégustation et les extérieurs seront aménagés pour servir d’espace de réception. “Nous avons emménagé en juin et nous espérons pouvoir ouvrir le lieu au public pour l’été prochain.” Comme ailleurs, l’appellation et ses vignes ont souffert de sécheresse cette année mais les éléments, comme le gel qui a frappé en 2020 et 2021, ne dissuadent pas non plus les reprises d’exploitation ou les plantations explique-t-elle. Le prix des vignes, autour de 12 000 à 13 000 euros l’hectare, n’est pas dissuasif. “Nous avons des installations dans le milieu familial mais aussi de l’extérieur, le plus souvent en vins tranquilles au début”, le temps de dégager la trésorerie suffisante pour avoir le temps de produire les bulles.
Crémant en progression
Pour autant, le changement climatique frappe à la porte et l’appellation a lancé un programme de recherche sur les clones de Mauzac, principal cépage de l’appellation, qui ne sont pas au catalogue. “Ce que nous cherchons, c’est de retrouver un peu plus de diversité clonale mais aussi de trouver des clones peut-être plus résistants à la sécheresse, même si le Mauzac se comporte pour l’instant plutôt bien face à cette calamité.”
Du côté du marché, les bulles restent maîtresses et représentent 80 % des 90 000 hectolitres revendiqués en appellation. Si l’appellation historique est bien Blanquette, c’est bien le crémant qui mène la danse aujourd’hui avec 65 % des volumes de bulles produits chaque année. Le reste étant fourni par les Blanquettes, méthode traditionnelle et ancestrale, respectivement 30 et 5 % des volumes. “Ces dix dernières années sont marquées par la progression du crémant parce que c’est un terme qui fonctionne mieux sur le marché français, il est plus porteur que Blanquette qui fonctionne par contre mieux sur les marchés d’exportation.” Marchés qui absorbent 60 % de la production de l’appellation avec des destinations majeures comme les États-Unis, l’Australie, le Royaume-Uni ou le Canada.