Ours : Au secours ! On assassine des hommes ! [ADDIP]

“Au secours, on assassine des hommes !”, c’est par ces mots que Roland Dorgelès clôturait, dans son œuvre “Les croix de bois”, l’un des plus effroyables récits de la Grande Guerre à laquelle il avait participé et lors de laquelle il avait vu des hommes mutilés, leurs corps déchiquetés par les balles et les obus.
Le 5 avril 2023, à Caldes, dans le Trentin italien, un jeune homme est mort : on l’a assassiné ! On a mutilé, déchiqueté son corps ! “On”, c’est l’ours. L’ours l’a tué. Sauvagement. Andrea Papi était un jeune homme de 26 ans qui vivait et travaillait dans son accueillante vallée du Val di Sole. Andrea aimait courir dans les montagnes environnantes, dans ses montagnes, dans ses forêts, faire du sport dans sa vallée autour de son village. Parti dans l’après midi pour profiter de ce bonheur, pour profiter de la vie, il a été sauvagement assassiné par une bête féroce, mutilé à coups de dents et de griffes, poursuivi et traîné sur plusieurs mètres par l’un des 120 ours qui peuplent désormais le Trentin.
Andrea n’était pas chasseur, il n’était pas berger, mais il a été tué par un ours.

Au nom de la communauté pastorale pyrénéenne, nous pensons très fort à sa famille et à ses proches et leur adressons nos plus sincères condoléances.
Cette mort ne devait pas se produire. Ce malheur ne pouvait pourtant qu’arriver. Dans le Trentin, comme dans les Pyrénées, comme dans les Monts Cantabriques espagnols, comme dans de nombreux pays européens, les populations locales se sont vues imposer la présence et la protection des ours contre leur gré, non sans avoir, à bon escient, régulièrement alerté sur les menaces que feraient peser ces animaux dangereux sur la vie quotidienne et la sécurité publique.

Mais au nom d’un dogmatisme assassin et aveugle, avec la bénédiction d’une Union européenne dissimulée derrière un conseil de la convention de Berne des plus opaques, et sous la pression et le harcèlement permanents d’ONG vouant un culte divin au lucratif prédateur, ces populations locales ont sans cesse été humiliées et roulées dans la farine, mises sous l’éteignoir.
Cette mort, en Europe, n’est pourtant pas la première : en 2021, Dusan Mydliar, en Slovaquie et Mihai Cadar, en Roumanie, connurent eux aussi un destin tragique en rencontrant un ours. L’un se promenait à proximité immédiate de sa maison, l’autre cherchait une de ses vaches égarées. Les populations rurales roumaines paient chaque année un lourd tribut à la prolifération démentielle des ours.
Les coups de semonce avaient pourtant été nombreux : plusieurs attaques étaient à déplorer ces dernières années en Italie. Des attaques en Espagne également. Par “chance”, que des blessés plus ou moins graves lors de ces attaques, des survivants.
Dans nos Pyrénées ariégeoises, un chasseur n’avait dû son salut, en 2021, qu’à son arme qui lui permit d’abattre l’ourse qui l’avait sérieusement blessé et s’acharnait sur lui.

Malgré tout, Andrea à été assassiné. Personne n’a pressé la détente, mais nombreux sont ceux qui ont fourni les armes et rempli le barillet. Ces armes, ce sont les ours : un danger imprévisible, capables de la même barbarie que les obus que dut affronter Roland Dorgelès au début du XXe siècle.
Et nombreux sont ceux, aujourd’hui, qui ont du sang sur les mains : celui d’Andrea, de Duzan, de Mihai, mais aussi d’André, de Teresa, de Joszef et de bien d’autres encore !
Nombreux sont ceux qui se sont rendus complices de cette barbarie !
Tous ceux qui, depuis des décennies, ont menti et continuent de mentir sur l’utilité et la non dangerosité de l’ours, tous ont aujourd’hui du sang sur les mains ! Tous sont complices de cette barbarie !
Tous ceux qui, l’un par cupidité, l’autre par ignorance, ou bien par simple laxisme ont laissé pulluler les ours dans nos montagnes européennes, tous
ont aujourd’hui du sang sur les mains ! Tous sont complices de cette barbarie !
Tous ceux qui, aujourd’hui, minimisent cette tragédie ou tentent de disculper le prédateur en lui fournissant des circonstances atténuantes, tous ont aujourd’hui du sang sur les mains ! Tous sont complices de cette barbarie !

Les massifs montagneux européens sont des zones anthropisées incompatibles avec la présence de prédateurs ne semant que la désolation, ours comme loups. Quel est donc leur rôle ? Sont-ils là pour favoriser l’exode de ceux qui rendent ces lieux si agréables et si vivants ? Servent-ils à favoriser l’abandon et l’ensauvagement de montagnes qui génèrent pourtant, par leur attrait et leur riche biodiversité, une florissante économie touristique ?
Des intérêts malhonnêtes sont nécessairement derrière ces attaques sans précédent contre le monde rural.
Dans quel monde souhaitons nous vivre demain ? Dans une prison ceinte de grilles, clôtures, barbelés, derrière lesquels, tels les animaux d’un zoo, nos enfants seront enfermés et regarderont évoluer les deux seules espèces (libres, elles) ayant trouvé grâce aux yeux de quelques profiteurs ?
Dans un monde dans lequel nous ne pourrons plus effectuer les gestes les plus élémentaires de la vie quotidienne, nous ne pourrons plus pratiquer une activité sportive, nous ne pourrons plus posséder d’animaux de compagnie sans craindre à tout moment l’attaque d’un prédateur ?
Hier en Italie, demain dans l’Ariège, le Luchonnais, le Béarn ou la Bigorre, la barbarie sera-t-elle de nouveau à l’œuvre?

Non ! Nous ne pouvons nous y résoudre ! Nous n’acceptons pas de nous résigner et d’attendre que les prédateurs nous obligent à abandonner notre lieu de vie, à renier nos racines, à oublier notre culture ! Il est désormais plus que temps que l’État prenne la mesure de l’urgence et trouve enfin le courage de stopper définitivement ce délire animaliste sélectif. Seuls les lâches et les irresponsables ont du sang sur les mains, jamais ceux qui font preuve de dignité et de grandeur.
Stop à l’horreur ! Plus jamais ça !

L’ADDIP, Coordination pyrénéenne : qui sommes-nous ?

Depuis 2002, l’ADDIP (Association pour le développement durable de l’identité des Pyrénées) coordonne les actions de la communauté montagnarde pyrénéenne face à l’agression que représente le plan d’État d’expansion des grands carnivores, loup, ours, lynx, contre les modes de production et d’usage de l’espace montagnard et fédère les associations pyrénéennes de sauvegarde du patrimoine montagnard sur le plan environnemental, biodiversité, élevage, culture, etc.
Apolitiques et asyndicales, les 5 associations qu’elle fédère couvrent l’ensemble du massif pyrénéen. L’ASPAP (09), l’ASPAA (11), l’ADIP31 (31), l’ASPP65 (65) et la FTEM (64) rassemblent plusieurs milliers d’adhérents : éleveurs, citoyens, associations, collectivités locales, acteurs du pastoralisme et du développement économique.

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