Alexandre They : “On a assez réfléchi !” [par Yann Kerveno]

Réunis en assemblée générale début juin, les Vignerons indépendants de l’Aude ont fait le point sur l’actualité de l’année avec deux dossiers très chauds.

La sécheresse sévit aussi dans l’Aude, en particulier sur la zone littorale dont les vignes sont, comme dans certaines zones des Pyrénées-Orientales, en grande souffrance. Ce qui fait de l’eau LE sujet de l’année. “Notre problématique ce n’est pas, comme cela peut l’être ailleurs, de partager. Ici dans certaines zones, il n’y a pas d’accès à l’eau et c’est ce point de blocage qu’il faut effacer, il en va de la pérennité du vignoble” estime Alexandre They, président des Vignerons indépendants de l’Aude. “Les dossiers sont instruits, cela dure depuis longtemps, 10 ans pour certains, on a assez réfléchi maintenant ! Il faut que les travaux commencent très rapidement. Ensuite, il faut tout regarder, tout prendre, toutes les solutions, la réutilisation, le stockage, les forages…” plaide-t-il.

Si la situation est en effet très complexe, ce n’est pas le seul problème à affronter cette année selon lui. “Nous sommes confrontés à une vaste transition. Il y a la question climatique, mais aussi celle de la consommation et des consommateurs. Tout va beaucoup plus vite aujourd’hui, les tendances changent très rapidement et les fluctuations ressemblent à des vagues. Il faut donc que nous aussi soyons en mesure d’aller vite pour nous adapter, quasiment en temps réel, à ces évolutions.”

Faire coller la production à la demande

Et donc faire évoluer les contraintes, le cadre. “Il faut que les décrets d’application des appellations puissent être modifiés à la marge pour nous permettre de gagner en flexibilité. Comprenez bien que je ne remets pas en cause le concept même des IGP ou des AOC, parce que ce sont les dispositifs qui font que nos productions ne sont pas délocalisables, mais nous devons pouvoir raccourcir le temps de réaction des entreprises face au marché. Cela peut passer par les cépages, l’adaptation des rendements, peut-être aussi plus de contrôles et plus d’efficacité dans ceux-ci. Nous ne sommes plus dans des temps ou produire pour produire est tenable. C’est un schéma qui n’a plus de sens.”

Bref, faire coïncider la production avec la demande du marché pour éviter les stocks et la distillation qui finira un jour par ne plus être un outil. “Il ne faut pas se faire d’illusion. Si la consommation recule dans certains pays, elle progresse dans d’autres, mais pour combien de temps ? Un jour tout s’équilibrera et la consommation mondiale ne progressera plus, les parts de marchés sont à prendre maintenant.”

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