Sécheresse : statu quo [par Yann Kerveno]

Malgré les orages de fin mai et début juin, la situation des nappes reste délicate. Les mesures en place depuis le 10 mai dernier demeurent en vigueur jusqu’au 25 juillet. Sauf en Cerdagne.

L’eau a beau circuler dans les canaux, les nappes phréatiques proches de la surface du sol se remplir doucement depuis que l’eau circule, la sortie de crise n’est pas pour demain. C’est en substance ce qu’a expliqué le préfet des Pyrénées-Orientales lors d’une conférence de presse tenue le mardi 13 juin à Perpignan. “Le cadre posé le 9 mai dernier reste le même car si la situation est mieux orientée, le risque demeure sur les usages prioritaires” expliquait en substance Rodrigue Furcy devant la presse. “Mais nous ne sommes plus dans l’impasse de gestion qui était la nôtre au début du mois de mai et qui ne nous permettait pas de passer l’été.”

Si la recharge a pu commencer pour certaines nappes, il indique que celles de la plaine n’ont pas encore profité des précipitations, d’autant que la végétation, en plein développement, absorbe une grande partie de ce qui tombe sous forme de pluie. Pour autant, il se félicitait des économies réalisées.

25 à 30 %

“Nous étions autour de 17 % d’économie sur l’eau potable en avril, là, pour le mois de mai, nous sommes plus près de 25 ou 30 % grâce à la mobilisation de tous les acteurs et de tous les secteurs.” La Cerdagne est la zone qui s’en sort le mieux ce printemps puisqu’elle voit son statut régresser du niveau d’alerte renforcée à celui d’alerte simple en raison des pluies orageuses de ces dernières semaines. 26 communes des Pyrénées-Orientales restent cependant exposées au risque de rupture d’eau potable, en particulier dans la vallée de l’Agly où la situation ne connaît aucune amélioration. Le barrage de Caramany est encore loin de se remplir et les lâchers envisagés ne permettraient pas au fleuve de retrouver sa continuité jusqu’à la mer.

“On ne voit toujours rien venir”

“Ces lâchers faisaient partie des trois solutions qui ont été envisagées pour sauver nos arbres” explique Guy Banyuls, arboriculteur à Espira de l’Agly. “Mais ils ne veulent pas faire les lâchers parce qu’il n’y a pas assez d’eau dans le barrage et que tout pourrait disparaître à Estagel pour filer dans le karst. C’est ce qui nous était rétorqué quand le barrage était à 10 millions de mètres cubes. Il nous a été répondu alors qu’il fallait garder grosso modo 9 millions de mètres cubes, mais ils étaient prêts à faire l’essai. Aujourd’hui, le barrage est à 14,5 millions de mètres cubes et l’on ne voit toujours rien venir, alors qu’un lâcher pourrait profiter à tout le monde et en particulier faire remonter le karst qui a bien baissé lui aussi” poursuit l’arboriculteur.

5 à 7 ans sans produire ?

Deux autres solutions avaient été avancées : la connexion de l’ASA à un forage existant ou la mise en place d’un nouveau forage, plus profond, au droit de celui existant pour alimenter le réseau d’irrigation. Le premier, en liaison avec la commune, s’est révélé insuffisant, avec un débit journalier trop faible par rapport aux besoins, la solution n’en couvrant qu’un tiers. Le second a pour l’instant achoppé sur une question financière. “Il y a une grosse différence entre les tarifs de BRL, avec qui l’ASA travaille depuis longtemps, et ceux de Véolia qui a les préférences de la mairie” s’étonne encore Guy Banyuls qui regrette le manque de soutien effectif de la commune, contrairement aux engagements pris.

Une nouvelle réunion devait se tenir lundi avec le préfet pour évoquer cette question. “Pour sauver les arbres, qui ont en plus pris la grêle qui a mis part terre les seuls trucs qu’on pouvait espérer récolter cette année, il faudrait qu’il pleuve 20 à 50 mm par semaine.” Faute de quoi les arbres vont finir de crever. Et là, le temps de remettre les sols en état, de replanter, c’est cinq à sept ans sans production qu’il faudra supporter. Et tout le monde ne pourra pas passer le cap.

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