Ailleurs dans les vignes du monde – février 2022 [par Yann Kerveno]

Australie

Les vignobles français il y a deux ans et maintenant les vignobles australiens. Frappée par l’application de taxes exorbitantes sur le marché chinois, pour cause de brouille commerciale entre les deux pays, l’industrie viticole australienne est à la peine. Et pour cause, le marché chinois, son premier débouché est aujourd’hui complètement fermé. À quelques semaines de la vendange, les producteurs de raisins se demandent même, dans certaines régions, s’il ne vaudrait pas mieux, histoire de limiter les frais, faire une grosse vendange en vert. C’est-à-dire faire tomber les grappes pour ne pas avoir à les ramasser à maturité et les vendre autour de 300 dollars australiens la tonne contre 600 à 700 l’an dernier (soit 190 € contre près de 400 €). Si les vignerons trinquent, les industriels aussi dans ce pays qui compte deux des plus importants opérateurs mondiaux, Accolade Wines et Treasury Wine Estate.

Amortir la chute

Après avoir tenté de produire sa marque phare, Penfolds, sur le sol chinois sans que le projet aboutisse pour le moment, ce dernier affine sa stratégie, en particulier celle de l’origine des vins qui composent ses principales cuvées. Le groupe a en effet commencé de sourcer les jus destinés à Penfolds en France, dans le Bordelais, ou en Californie, l’origine permettant de contourner les taxes. Le groupe commence d’ailleurs à récolter les premiers fruits de ses efforts. Son Ebitda hors Chine a progressé de 28 % au cours des six derniers mois freinant un peu la chute du chiffre d’affaires de 10 % à 1,27 milliard de dollars et celle de ses bénéfices en recul de 7,5 % à 109 M$. Au-delà de Treasury Wine Estate, la crise commerciale avec la Chine aura coûté un milliard de dollars à l’industrie du vin australienne.

Chiffonniers

Puisqu’on en est au crêpage de chignon, sachez qu’il y a des bulles dans le rosé de Provence de Brad Pitt et Angelina Jolie. Les deux acteurs, autrefois mariés et associés au sein de Miraval, se livrent une guerre pas piquée de hannetons ces derniers mois. Brad Pitt a pris la décision de poursuivre Angelina Jolie en justice pour avoir vendu, en douce selon lui, les parts qu’elle avait dans la propriété à un chef d’entreprise du secteur des spiritueux, Damian McKinney.

250 M $

Autre vente qui fait parler, même si elle ne semble entachée d’aucune irrégularité, celle de Shafer Vineyards dans la Napa Valley pour… 250 M $. La propriété compte 91 hectares de vignes et l’heureux propriétaire est un groupe d’industrie du luxe Sud-coréen, Shingega Property, dont c’est la première incursion dans le monde du vin. Pour autant, toujours aux États-Unis, le monde du vin est perplexe face aux Millenials explique le New-York Times qui ajoute que c’est un problème parce que les baby boomers partent aujourd’hui massivement à la retraite et que c’est souvent le signe d’une moindre consommation de vins…

Cher cubi !

L’enjeu pour l’industrie du vin est donc de récupérer des consommateurs plus jeunes, largement happés depuis par d’autres alcools. On ne sait si c’est cette idée qui a conduit Tablas Creek, vignoble californien, à bousculer les codes. Mais sachez que cette winery a sorti un cubi de 3 litres à 95 $ pour abattre un peu, justement, sa facture carbone. Quitte à y conditionner des grands vins ! Parce qu’en plus, argumente Jason Haas, il se conservera mieux qu’en bouteille ! Et pour le lancement, le vigneron répercute toutes les économies faites aux acheteurs, en théorie, le cubi vaut donc 112 dollars. À suivre.

Pourpier bon œil

Tiens puisqu’on parle carbone, en Afrique du Sud, les vignerons demandent au fisc de les épargner un peu en cette année de récupération post-Covid, mais en attendant ils pourraient avoir trouvé la poule aux œufs de carbone : le pourpier… Et pourquoi ? Parce que, non content de se manger, cette plante est une “éponge à carbone”. Un hectare de pourpier économe et résistant à la sécheresse serait capable, selon ses promoteurs Sud-africains, d’aspirer 15 tonnes de dioxyde de carbone par an, soit 7,5 fois plus que ce que peut faire une forêt. Elle pourrait donc jouer un rôle éminent dans la quête de la neutralité carbone des vignobles de Stellenbosch où sont réalisés des essais.

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