Agriculture : comment l’Europe va sacrifier son autonomie alimentaire ! [par Jean-Paul Pelras]

Avec sa proposition de règlement émise le 22 juin dernier visant à réduire de 50 % l’utilisation des pesticides d’ici 2030 (autrement dit : demain), la Commission européenne est en train de condamner son potentiel agricole. Nous pouvions espérer qu’avec le conflit ukrainien et les pénuries qu’il suscite dans le secteur agro-alimentaire les États membres allaient reconsidérer les retombées du Green Deal et du programme Farm to Fork (De la ferme à la fourchette) imaginé pour réduire considérablement l’utilisation des intrants, pourtant indispensables au maintien de la productivité.
Et bien non, car encore une fois l’idéologie environnementaliste vient de l’emporter sur le pragmatisme paysan, les impératifs économiques et l’autonomie alimentaire. À l’instar des Allemands qui ont voulu arrêter le nucléaire et qui sont obligés de “retourner au charbon”, nous allons donc payer le prix d’une dépendance aux importations, car l’agriculture européenne ne pourra plus subvenir aux besoins de sa population.

De nombreuses études publiées récemment, du département de l’Agriculture aux USA en passant par l’université de Kiel en Allemagne ou encore celle de Wageningen aux Pays-Bas, ont décortiqué les répercutions en cascade que susciterait la chute des rendements imputable à la diminution des traitements phytosanitaires préventifs ou curatifs, ainsi qu’à celle des engrais chimiques.
La contraction des volumes susciterait immanquablement une hausse du prix des denrées. C’est d’ailleurs ce que nous constatons actuellement, avec, de surcroît, la raréfaction de celles-ci et les tensions géopolitiques internationales que la faim va occasionner. Une hausse des cours également imputable à celle des coûts de production plus exigeants en main d’œuvre et plus élevés en ce qui concerne les alternatives aux produits utilisés jusqu’ici par l’agriculture conventionnelle.

Ces études démontrent que le nombre de personnes touchées par la faim, estimé à 900 millions, pourrait augmenter de 30 à 180 millions. Quant à la réduction d’émissions de CO2 évaluée dans le programme Farm to Fork par les technocrates bruxellois à 28 %, elle serait gommée par celle qu’entrainerait le flux d’importations supplémentaires. Des importations, et nous l’avons vu avec le secteur des fruits et légumes français désormais réduit à sa portion congrue, qui vont affaiblir l’ensemble des secteurs agricoles tout en précipitant encore plus rapidement l’érosion économique et sociale dont ils sont victimes.

L’Europe, si elle continue sur cette lancée, va vider nos territoires

L’Europe, si elle continue sur cette lancée, va vider nos territoires et entrainer une paupérisation irréversible de la ruralité. Car si les agriculteurs ne peuvent plus protéger leurs cultures avec des moyens qui ne relèvent pas de l’utopie, ils seront très rapidement confrontés aux pertes de compétitivité, aux concurrences extracommunautaires déloyales, au spectre des dépôts de bilan et au non renouvellement déjà prégnant des générations. Cette irresponsabilité, qui relève d’une politique au doigt mouillé comparable à celle qui veut interdire, dans la précipitation, l’usage des moteurs thermiques à l’horizon 2035, doit être dénoncée à la fois par les syndicats agricoles, par les élus de terrain et par les consommateurs.

Des consommateurs qui doivent également consulter avec discernement certains outils mis à leur disposition comme cette étude récemment publiée par Solagro intitulée “Carte Adonis d’utilisation des pesticides en France”. Des données consultables par tout un chacun avec des chiffres et des pourcentages qui ne sont ni argumentés, ni étayés par des interprétations agronomiques. En clair, c’est un peu comme si l’on éditait la carte des consommations de paracétamol, d’antibiotiques ou de n’importe quel médicament sans jamais mentionner la pathologie et les bénéfices du traitement. La politique du verre à moitié vide et la diabolisation du “remède” étant devenues, pour certains, plus rentables que la guérison.

De toute évidence, désormais davantage sensibles aux lobbies écologistes qu’aux réalités agricoles, la Commission européenne et, au sein des États membres, tous ceux qui encouragent la stigmatisation des pratiques conventionnelles doivent, sans délai, s’appuyer sur des études impartiales et objectives pour reconsidérer la portée de leurs décisions. Il en va, sur le plan qualitatif et quantitatif, de notre sécurité alimentaire, de notre pouvoir d’achat, de l’équilibre de notre balance commerciale et du salut de nos territoires.

Une réflexion sur “Agriculture : comment l’Europe va sacrifier son autonomie alimentaire ! [par Jean-Paul Pelras]

  • 5 juillet 2022 à 17 h 30 min
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    Cela fait plus de vingt années , que l’agriculture française est gouvernée par la pire engeance des nuls , opposants de tous poils , pseudos écologistes , sécuritaires illusoires … et j’en passe , faiseurs de lois à tout va plus nuisibles qu’utiles , incapables d’apprécier les méfaits dont ils sont les auteurs , qui plus est pourfendeurs de la confiance , au profit de la suspicion . Le résultat du dernier scrutin confirme cet état , de part le taux historique de 53 pour cent d’abstention , sonnant comme un rejet de tous ces ectoplasmes tous partis confondus , qui sous prétexte de protéger la société , l’asservissent , la divisent , et la ruinent , tout ceci au nom de la loi . L’inflation et les pénuries deviennent tangibles , et ne sont pas seulement la rançon de la guerre en ukraine , mais le résultat du démantèlement de nôtre chaine de productions , de par des normes tellement absurdes contraignantes et ruineuses allant à l’encontre de l’acte de production tous secteurs confondus . Il existe un documentaire a voir sur citizen light intitulé pénuries alimentaires , une guerre à venir ?

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