Soutenir France Nature Environnement ou les paysans de notre département ! [par Jean-Paul Pelras]

Le monde agricole local est confronté à deux menaces. La première concerne l’irrigation avec la mise en place des débits réservés qui hypothèquent le devenir de toutes nos productions. La seconde concerne la stigmatisation dont les agriculteurs sont victimes et la remise en cause de leurs pratiques. Car si l’eau vient à manquer dans nos campagnes, il faut, avant d’accuser systématiquement l’arboriculteur, le vigneron, l’éleveur ou le maraicher, se demander pourquoi les décideurs du moment préfèrent à notre agriculture les idéaux de quelques marchands de raisonnement. Oui, se demander pourquoi une association environnementale est parvenue, en utilisant le biais juridique, à obtenir l’annulation d’un arrêté préfectoral. Lequel fixait le débit réservé à 1 200 litres/seconde pour la période hivernale et à 600 litres/seconde pour la période estivale. Un débit réservé qui, depuis la décision du tribunal administratif de Montpellier en faveur de France Nature Environnement, est passé à 1 500 litres/seconde pour toute l’année. Ce qui laisse aux agriculteurs – l’eau en amont du barrage de Vinça captée par les canaux repartant à la Têt – uniquement de quoi satisfaire 30 % des besoins, y compris en période de fructification.

Du jamais vu dans l’histoire de notre agriculture départementale. Avec, concernant le barrage de Vinça, une capacité de stockage qui aurait pu être optimisée si le débit réservé hivernal de 2 000 litres/seconde avait pu être abaissé à 1 500 l/s, voire 1 000 l/s. De 8 millions de litres – dont 6 millions utilisables – retenus actuellement, nous aurions pu passer à plus de 16 millions. Et bien non, car la pression des environnementalistes, soutenus par la loi, l’a encore emporté sur le bon sens et la responsabilité.

Le saccage !

À côté de cela, nous entendons parler, ces jours-ci du côté de Port-Vendres, de désalinisation de l’eau de mer. Pourquoi envisager un tel procédé, de surcroît très couteux, alors, que pour ne pas avoir à dessaler l’eau afin de la réutiliser in fine sur terre, il suffit de ne pas la laisser partir en mer ? Les exemples ne manquent pas où la conscience politique a perdu ses quatre points cardinaux alors que notre agriculture départementale, malmenée de toutes parts, est réduite à sa portion congrue. Nous n’allons pas revenir ici sur les chiffres de la terrible érosion champêtre évoquée, semaine après semaine et depuis des années, dans les colonnes de notre journal. Le saccage de notre économie agricole dû aux importations déloyales cautionné et, parfois, sournoisement accompagné par ceux qui ont fermé les yeux sur l’usurpation de nos marchés et sur la paupérisation de nos territoires doit-il, à présent, continuer avec une réglementation destructrice et inacceptable ?

Après avoir bradé notre agriculture roussillonnaise sur l’autel des tractations géopolitiques, va-t-on la sacrifier pour satisfaire les lobbies et les lubies de quelques associations écologistes ? Et ce, uniquement car “l’affaire de l’eau” est devenue, dans ce pays, une opportunité politicienne dont s’emparent ceux qui, à coup de slogans anxiogènes, font feu de tout bois pour vendre leurs idéaux ? Quitte, et nous l’avons vu avec les “bassines” de Sainte Soline, à saccager l’outil de travail dont ils ne savent ni l’usage, ni le prix.

Alors oui, une mise au point est nécessaire par les agriculteurs, pour les élus et les pouvoirs publics qui doivent désormais se positionner clairement. Soutenir France Nature Environnement ou les paysans de notre département !

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