Abris photovoltaïques : du houblon pour les brasseries locales ? [par Thierry Masdéu]

Cet outil qui au début de l’expérimentation semblait anecdotique, peu adapté pour une majorité de cultures, financièrement inaccessible, voire suspicieux de par sa gratuité, démontre à ce jour l’adaptabilité et la pertinence de son champ d’action. Une opportunité qui ouvre la voie à d’autres types de plantations, même les plus insolites, comme celle du houblon.

Depuis peu, les centrales solaires de production électrique installées au sol seraient définitivement interdites dans les P.-O., sauf sur des sites de carrières ou de décharges abandonnées. Pour les professionnels du solaire, le contexte actuel serait pourtant propice et les terres en cultures ou en friches auraient une carte à jouer avec l’installation d’abris photovoltaïques équipés de goutte à goutte et de filets insect-proof. Un atout qui permettrait à l’agriculture de faire face aux aléas climatiques, tout en minimisant l’invasion de parasites et nuisibles sur les cultures. Avec cette nouvelle méthodologie, les plantations sous serres photovoltaïques atteindraient, selon les concepteurs, plus facilement les objectifs de rendements.

Ce constat, c’est l’expertise de François Pelras, développeur depuis plus de 5 ans de sites photovoltaïques chez “Eneragri”, qui le démontre. “C’est d’abord une réponse aux demandes exprimées par les marchés de l’alimentation et de l’énergie et où l’agriculture doit jouer un rôle majeur ! Si l’on souhaite de l’énergie propre et photovoltaïque, il faut utiliser la voie agricole, c’est primordial !” défend avec force François Pelras, qui a également été maraicher pendant plusieurs décennies. “L’agriculteur doit être l’accompagnateur de ce développement énergétique, sans lui cela ne pourra pas s’amplifier, c’est pour cette raison que cet outil doit rester gratuit pour l’agriculteur !” martèle avec conviction ce développeur d’énergie solaire qui, en parallèle, s’évertue au déploiement de différents essais de mises en cultures bio dans ses serres pilotes à Villeneuve-de-la-Rivière.

“Microclimat alsacien”

Objectif : démontrer, orienter et consolider économiquement les projets agraires. Un retour d’expérience qui s’avère déjà très positif avec les cultures comme la cerise, la figue, la framboise, la mûre, la fraise, etc., ou, encore plus surprenant, avec le houblon. “L’année dernière, j’ai réfléchi à la mise en place d’un test pilote avec du houblon, mais on me l’a déconseillé vu la chaleur et le vent qui ne sont pas les meilleurs alliés de cette culture. J’ai tout de même essayé et le résultat est plus que satisfaisant !” souligne François Pelras, qui a su recréer à l’abri d’une de ses serres photovoltaïques un “microclimat alsacien”. Et pour aller jusqu’au bout de sa démarche, cet intercesseur de cultures improbables en Roussillon, a poussé la porte de la brasserie artisanale Rull du Soler, “Bière du Canigou“, pour lui proposer le fruit de cette récolte. Un geste qui a aussitôt séduit la dirigeante, Stéphanie Rull. “Quand j’ai un exploitant qui vient vers moi, de façon constructive, je trouve d’une part cette démarche enrichissante car elle permet un rapprochement pour travailler les uns avec les autres !” témoigne cette créatrice de bière à l’eau du Canigou qui promet d’utiliser ce houblon roussillonnais dans l’élaboration de sa prochaîne bière de Noël. “Et d’autre part, à écouter la façon dont il parle de ces serres, on prend vite conscience de l’atout que cela représente pour le futur de l’agriculture et aussi pour l’avenir de nos enfants !”

Cette possibilité de cultiver du houblon ouvre des perspectives d’approvisionnements en local pour les brasseries artisanales, comme celle de Stéphanie qui souhaite aller plus loin que cette phase de tests. Bien que, sur les Pyrénées-Orientales, l’engouement concernant l’utilisation de cette formule d’abris photovoltaïques soit plus timide que sur d’autres départements limitrophes, le contexte actuel économico-climatique favoriserait son déploiement. Une opportunité qui pourrait s’inscrire comme un frein sur l’avancée des friches et comme un levier pour faciliter l’installation de jeunes sur des exploitations agricoles.

Contacts : Eneragri – François Pelras Tél. : 06 40 12 47 02 ; e-mail : pelras@enerimmo.com
Brasserie Rull – Bière du Canigou – Stéphanie Rull : 06 67 36 28 68 – https://www.biereducanigou.fr/

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