36 idées pour remettre l’eau au centre des Pyrénées-Orientales
Les projets ne manquent pas pour tenter d’atténuer l’impact des sécheresses futures dans le département. Revue de détail.
La réutilisation
Les eaux de stations d’épuration représentent dans le département, pour les gisements les plus importants, une ressource non négligeable puisque ce sont autour de 15 millions de mètres cubes qui pourraient servir. L’équivalent de 15 000 hectares de vigne, 3 000 de pêchers ou 5 000 hectares d’abricotiers. Plusieurs projets sont avancés autour de stations d’Argelès, de Saint-Cyprien, Canet, pour une consommation locale, mais aussi autour des stations de l’agglomération de Perpignan. Les eaux de ces dernières pourraient être ramenées en amont dans le lit de la Têt, alimenter le lac de Villeneuve La Raho, être dirigés vers le secteur d’Espira.
« Il faut aussi regarder les petites stations » souligne Jean Bertrand, chargé du dossier eau à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales. Avant de prendre Opoul pour exemple. Station dont l’eau « peut-être utilisée immédiatement et il y a de quoi irriguer 10 hectares de vignes. » Le frein majeur de ces solutions, c’est le coût des raccordements entre les stations et les ASA. « Dans certains cas, le prix de l’eau peut aller de 3 à 6 fois ce qu’il est aujourd’hui et cela pose de vraies questions de rentabilité. »
Le Rhône
Si les prélèvements dans le Rhône ne représentent que 0,25 % du débit annuel, pourquoi ne pas en conduire une partie jusque dans les Pyrénées-Orientales ? Ce vieux projet, repoussé par deux fois dans le passé, en particulier par le monde agricole, trouve un écho différent aujourd’hui. L’idée serait d’amener l’eau de Narbonne ou Béziers pendant la période hivernale quand aucune irrigation n’est effectuée le long de son tracé, jusqu’au nord de Perpignan où elle serait stockée dans un aménagement à construire.
Les stockages
Le projet le plus avancé, c’est celui des Aspres, porté par la communauté de communes que le ministre de l’agriculture Marc Fesneau s’est engagé à pousser. Les deux retenues pourront stocker 121 000 mètres cubes. Non loin de là, l’Association syndicale autorisée de Thuir réfléchit à la construction d’un stockage tampon de 10 000 mètres cubes pour limiter l’impact des tours d’eau. Un autre projet pourrait voir le jour en Cerdagne, à Eyne, porté par la commune et l’ASA locale, pour sécuriser l’accès à l’eau des éleveurs du secteur.
D’autres réflexions émergent également pour la création de stockages dans le secteur du bas Agly, sur la Côte Vermeille. Dans la vallée du Tech, les collectivités planchent sur plusieurs idées pour le Tech amont, des retenues collinaires, des micro-stockages le long du fleuve et même un barrage. À Villelongue dels Monts, deux projets sont à l’étude. Le premier est porté par l’ASA locale pour la création d’une retenue de 300 000 à 400 000 m3 qui serait alimentée par le canal des Albères. Alexandre Puigneau, président du syndicat du Tech, porte lui un projet dans le même secteur autour d’une ancienne gravière qui pourrait être mise en eau et stocker un million de mètres cubes. (Lire page 6).
Optimisation
Plusieurs projets sont à l’étude dans le département, comme la modernisation de l’ASA du Palau à Céret. Ce fut l’un des tout premiers réseaux d’irrigation mis en route il y a une quarantaine d’années. Le canal de Corbère, un des principaux du département, s’est aussi lancé dans un programme ambitieux de modernisation pour développer un système d’irrigation connectée sur le millier d’hectares concerné, pour un budget de 5 à 6 millions d’euros avec, à la clé, l’économie potentielle de plusieurs centaines de milliers de mètres cubes chaque année. Des travaux de modernisation pourraient également être menés sur le canal de Perpignan, sur celui d’Estagel au niveau du tunnel de Latour de France, sur celui de Claira, sous-utilisé aujourd’hui, des vannes automatisées pourraient être installées sur les canaux d’Ille, Thuir, Estagel…
Maillage
C’est la dernière couche du gâteau, mieux connecter les différents systèmes pour permettre des échanges. En Cerdagne, le projet porte sur la dérivation d’un million de mètres cubes du lac des Bouillouses vers la vallée d’Angoustrine. En plaine, il y a le projet porté par Nicolas Garcia pour relier les lacs de Vinça et Villeneuve la Raho, celui de relier le lac de Caramany et celui de Vinça ou encore les canaux d’Estagel et de Rivesaltes, qui « auraient pu sauver la mise cette année », le lac de Villeneuve avec la rive droite du Tech, celui de la Llabanère dont l’Agri s’est récemment fait l’écho.
Yann Kerveno