Ils ne pourront pas s’en laver les mains
Référé liberté. Il n’est pas anodin, finalement, que France Nature Environnement utilise ce « véhicule » judiciaire pour faire arrêter le projet porté par le syndicat du Tech (voir page 7). Ce référé a un avantage, il contraint le tribunal administratif à statuer rapidement, au motif qu’il y a urgence et qu’une liberté fondamentale est menacée. N’ayant pu avoir accès à l’original de la plainte, on ne peut que supputer la nature de l’argument fourni. Mais le tribunal a trouvé plus urgent d’empêcher la remise en état à fins expérimentales de 3,5 hectares de friches sur une quarantaine que de recharger les nappes phréatiques, de donner au territoire la possibilité de continuer à irriguer les arbres et la vigne et les richesses qu’ils génèrent.
Alors, une idée. Peut-être qu’une visite sur le terrain s’impose pour la cohorte de juges siégeant à Montpellier. Qu’ils viennent voir avec leurs yeux humains – en laissant ceux de juristes au bureau – voir comment l’herbe qui couvre les sols des vergers a été arasée au point de ne plus être que poussière, comment les ceps éclatent dans les vignes, comment les chênes kermès ou liège en arrivent à crever dans certaines zones, comment une partie des résineux du département ressemble aujourd’hui à des allumettes prêtes à flamber, comment les ajoncs ont grillé dans la garrigue. Qu’ils comprennent de quelle urgence il est question : celle qui consiste à multiplier les points d’eau pour sauver l’environnement de nos territoires de la désertification À moins que l’on ne nous laisse que la liberté de crever de soif au milieu des friches.
Yann Kerveno