Viticulture : les inconnus de l’été [par Yann Kerveno]

Si le déconfinement s’amplifie, la dépression causée par la crise du Covid-19 est loin d’être effacée.

DIRE qu’on n’est pas sorti de l’auberge cette année est une lapalissade. La filière viticole aura perdu des volumes importants durant le confinement et ne sait pas si l’été sera normal ou, lui aussi, en mode de consommation restreinte. Et la distillation n’y changera pas forcément grand chose. Pour la cave de Rivesaltes, la facture c’est, pour le moment, un recul d’activité de 29 %, à Baixas c’est – 50 % par rapport à l’an dernier, à Pollestres c’est – 20 %. Ces disparités étant grandement liées aux circuits de commercialisation privilégiés par les caves. “Chez nous, par exemple, on a fait – 50 % sur nos caveaux et – 25 % seulement sur la grande distribution locale” témoigne Denis Surjus, président de la cave Laure de Nyls. Pour attendre, les coopératives ont fait le gros dos, elles ont bénéficié des aides de l’État, des prêts garantis, eu recours au chômage partiel, aux reports d’annuités, pour maintenir tant bien que mal le règlement des acomptes, plus ou moins proche de la normale selon les situations des caves. Reste maintenant, une fois connue l’ampleur des dégâts, à se concentrer sur la reprise et la prochaine vendange.

Crise grave
“Ça repart mais on n’a pas encore retrouvé le niveau de commercialisation habituel” précise Brice Cassagnes à Rivesaltes. Et la distillation ? “On va voir” précise François Capedelayre, président de la cave de Baixas, “nous avons des produits qui se tiennent, nous allons regarder le prix… Mais à qui profite cette distillation ? Les Espagnols vont gagner 40 euros et nous en perdre autant… Après, c’est une évidence, il y a trop de vin, mais pas forcément chez nous.” Brice Cassagnes se dit qu’avec une petite récolte, pour cause de mildiou, il faut rester prudent, surtout aux prix fixés, “est-il intéressant de distiller à 78 € un vin qui en vaut 125 ?” Denis Surjus, lui, est un peu inquiet : “Qu’en sera-t-il du chômage, du pouvoir d’achat des Français, du tourisme ? Nous vivons la crise la plus grave dans notre secteur depuis ces 25 dernières années, mais lors de dernières crises, nous pouvions encore nous appuyer sur les vins doux naturels…” Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

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