Un p’tit air de Garonne [par Karo et Didoo]

C’était un dimanche pluvieux du mois d’avril, où nous avons entendu son nom : Claude Nougaro ! Sans attendre longtemps, ses premières chansons nous sont revenues… Toulouse, Armstrong, Dansez sur moi, Nougayork, etc.
Né en 1929 dans la ville rose, d’un père premier baryton à l’opéra de Paris et d’une mère professeur de piano, souvent en tournée, Claude sera élevé par ses grands-parents, tous deux assidus dans une chorale. Depuis son plus jeune âge, sa vie est remplie de musique, de paroles et rapidement il écrit des chansons pour Marcel Amont et Philippe Clay, et rencontre surtout Georges Brassens qui sera son mentor ! Ses premières apparitions en public se feront à Paris, dans des cabarets, sous la forme de récits de poèmes, puis il décidera pour gagner sa vie de les chanter tout en continuant à être parolier pour d’autres interprètes. Sa carrière parisienne débutera vraiment en 1960 avec, entre autres, “le Jazz et la Java”, “je suis sous…”, “Tu verras” car il y amène des thèmes et des rythmes très différents.

Pour ce qui est de la partie purement musicale, être inspiré par Glen Miller ou Louis Armstrong, son voyage au Brésil, sa collaboration avec Michel Legrand ou avec le pianiste de jazz Maurice Vander, ainsi que son plaisir à s’entourer de la fine fleur du jazz français nous montrent à quel point cet homme était un musicien de talent, jazzman et auteur-compositeur remarquable. Il n’est pas possible de ne pas parler de son addiction, mais on vous laisse cette phrase d’Hélène, sa dernière épouse qui en dit : “Avec l’alcool on cherche à soigner une maladie de l’âme. On essaie d’oublier, de s’anesthésier les neurones. Claude n’était pas un alcoolique, il était noir”. Vous faites comme vous voulez, mais ce n’est pas sûr qu’il y ait quelque chose à rajouter.

Quand il veut que l’on danse sur lui…

Quelles chansons choisir pour vous emporter ? Un petit peu de “Jazz et java” avec ce côté sensuel de la musique quand “Pour qu’il en soit ainsi… Je donne à la java mes mains pour le bas de son dos”, cet autre féminin qui se retrouve “Sur l’écran noir de mes nuits blanches où je me fais du cinéma”. “Toulouse” est une carte postale, colorée, bruyante et occitane, aussi belle que “Bidonville” jette un regard cruel et froid sur la misère. Et bien sûr “Armstrong” qui est un hommage mais aussi une ode à la tolérance “Qu’on soit, ma foi noir ou blanc de peau… On n’est que des os… Est-ce que les tiens seront noirs ?”.
La musique est son maître-mot qui vient nous heurter quand, dans une ferme du Poitou, un coq s’éprend d’une pendule ou quand, le soir de nos funérailles, il veut que l’on danse sur lui “Que la vie soit feu d’artifice. Et la mort un feu de paille”. D’autant plus qu’il avait eu droit à “Un nouveau départ. Solide comme un roc. Une pluie d’dollars. Ici Nougayork”. Mais, grâce à cet auteur compositeur hors pair, “Ah, tu verras, tu verras. Tu me verras… Allumer des clartés. Et tu verras tous ceux qu’on croyait décédés. Reprendre souffle et vie dans la chair de ma voix. Jusqu’à la fin des mondes”.

Ce poète continue à nous émerveiller, tant son phrasé était particulier, unique et inspiré des valeurs de notre société et la chaleur de sa voix toulousaine très rythmée !

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