Tout le monde sait que le diable se cache dans les détails… [par Gilles Tibié]
L’actualité politique du moment, faite de repositionnements et de circonvolutions, devraient générer des débats et discussions animés chez nos contemporains. Convenons ensemble qu’il y a matière à, courtoisement certes, démontrer le cynisme des actes qui priment sur l’éthique des discours. Emmanuel Macron a compris depuis longtemps qu’il n’y a plus de différence majeure entre Gauche et Droite depuis le tournant de la rigueur en 1983. Désormais, en gymnaste avisé, il incarne à la perfection ce grand écart. Il reste sourd aux jérémiades de nos “esprits étroits et partisans” qui réfutent la disparition de cette différence. Celle que les dirigeants politiques entretenaient depuis trop longtemps de façon artificielle.
Ainsi, pour l’heure, il peut tout se permettre. Il sait qu’il n’y a plus d’opposition crédible, car rejetée par le “système” aux extrêmes. D’où les maintiens de la thèse et de l’anti-thèse respectivement représentées par Gérard Darmanin et Éric Dupont Moretti. D’où la nomination de Pap Ndiaye, nouveau ministre de l’Éducation dite Nationale, en espérant qu’elle le reste et qu’elle ne devienne pas le déversoir des lamentations de ceux qui, promoteurs de la table rase, souhaitent effacer notre passé.
Et maintenant, le label de la souveraineté…
C’est dans cette même logique que le président pousse d’un côté vers une fédération européenne et, de l’autre, essaie de donner le change en insérant le label de la souveraineté dans l’intitulé de ministères qui n’en avaient jamais été pourvus : ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique ou ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.
Je me demande où peut être la souveraineté en matière industrielle lorsque chaque fusion ou achat d’entreprises doit avoir l’aval de la Commission ? Je me demande aussi où est la souveraineté alimentaire lorsque la Commission gère, avec la PAC, l’agriculture française en imposant des normes mortifères ?
Curieusement, nous avons un ministère où le label Europe passe avant celui des Affaires étrangères : le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Je dois avouer que je n’y comprends plus rien. Il y a là l’exact modèle de ce qui me semble bloquer les démocraties, où il n’y a
plus d’alternative autre que l’ambition revancharde ou le renoncement. Je confesse être, à soixante ans, un vieux con. Ce monde, ou celui qui semble en devenir, n’est vraiment pas le mien ! Je reporte mes espoirs sur ma fille et mes futurs petits enfants qui s’en satisferont sûrement. Je le leur souhaite. Même si ceux qui les précèdent n’en sont pas forcément convaincus !