Syndicat des Vignerons : fiscalité, reports de charges, de prêts, distillation…
La crise sanitaire a d’ores et déjà des conséquences extrêmement importantes pour notre viticulture : les marchés sont, pour beaucoup, à “l’arrêt”. Les ventes dans le CHR (cafés, hôtels, restaurants) et les ventes directes sont en chute dramatique. Cela représente une part importante de notre commercialisation, car elles génèrent de la trésorerie, de la valeur ajoutée. L’export est aussi touché, de même que les ventes en grande distribution : les magasins sont certes approvisionnés, mais les premières indications montrent une baisse des achats. Il est trop tôt pour mesurer l’impact chez les vignerons, d’autant que nous ne savons pas combien de temps cette crise va durer et que la reprise sera, on le sait tous, longue. Mais il est sûr que cela va avoir des conséquences, humaines et économiques terribles.
Il est urgent d’aider les vignerons à passer la crise, à la hauteur des problèmes, sinon beaucoup vont arrêter : il faut des mesures “sociales” conséquentes. La viticulture demande de la main d’œuvre, le cycle de la vigne ne s’arrête pas.
La MSA a réagi rapidement, avec la suspension du paiement des cotisations, et les vignerons ne doivent pas hésiter à la contacter. Nous savons que les services de la MSA seront à l’écoute des situations particulières. Mais il faut aller beaucoup plus loin, avec des réelles exonérations des charges sociales.
Il faut également des mesures de soutien à la trésorerie, c’est urgent ! La suspension, pendant 6 mois, des remboursements des prêts, c’est bien, les prêts garantis par l’État sans remboursement la première année, c’est bien, Mais il faudra sans doute envisager une prolongation de ces dispositifs et une prise en charge du coût de ces reports. Nous conseillons vivement aux Vignerons de se rapprocher de leur banque pour solliciter ce prêt, car cette trésorerie ne sera pas du superflu pour passer les années à venir.
Les services de l’État (DDTM, FranceAgriMer, Douanes…) sont aussi mobilisés ; si un vigneron rencontre des difficultés particulières, qu’il n’hésite pas à contacter le Syndicat des Vignerons ! Il y a également les impôts, et nous demandons l’exonération totale de la taxe sur le foncier 2019 et 2020.
En parallèle, des mesures d’intervention sur les marchés sont indispensables ; il ne faut pas oublier que, avant la crise sanitaire, nous faisions le constat de difficultés sur les principaux marchés avec la taxe Trump, le Brexit, les accords entre la Chine et l’Australie, et aussi des difficultés dans certaines régions de production (Bordeaux) qui ont des répercussions chez nous. C’est pourquoi nous soutenons pleinement la demande, portée par toutes les organisations professionnelles viticoles, d’une distillation de crise, mise en place très rapidement, au prix de 80 €/hl pour les AOC et IGP et 65 €/hl pour les vins sans indication géographique.
Il nous faut une réponse urgente des autorités françaises et européennes et un volume suffisant pour distiller les volumes qui pèsent sur les marchés ; ce n’est qu’à cette condition que les prix pourront être maintenus. Il nous faut un signal “fort” bien avant les vendanges. Nous connaissons une crise sans précédent, qui frappe notre viticulture déjà “fragile” ; sans moyens pour passer cette crise, mais aussi pour rebondir après, nous redoutons un désastre humain et économique…
Le Syndicat des Vignerons souhaite courage à nos vignerons et leurs familles.
Laurent Girbau,
président du Syndicat des Vignerons
(Photo Thierry Masdéu)