Sécheresse : une visite qui ne change rien mais ne condamne pas non plus.

Les quelques heures que Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture aura passées dans les Pyrénées-Orientales ce samedi 6 mai ne pouvaient pas changer le cours de l’histoire mais elles ont laissé quelques portes ouvertes.

Il faudra encore patienter, jusqu’à mardi, pour connaître les modalités du passage en situation de crise une fois les dernières négociations achevées. Lors de son point presse à l’issue d’une tournée qui l’a menée au contact de l’agriculture des Pyrénées-Orientales, Marc Fesneau a cependant fait passer quelques messages. « Nous sommes dans ce département en situation de crise, un peu au même titre que pouvait l’être la crise du Covid » justifiait-il. « Le contexte est très particulier mais préfigure peut-être des difficultés que nous aurons aussi ailleurs plus tard… » Dans la pratique, le ministre a annoncé plusieurs choses. La première c’est que tout allait être étudié pour laisser un peu d’eau à l’agriculture, « parce qu’elle remplit son rôle, en particulier ici dans les Pyrénées-Orientales, dans le maintien de la souveraineté alimentaire » en fonction des ressources. Ne s’aventurant guère au-delà de cette intention il s’en remettait au travail mené depuis des semaines par le préfet des Pyrénées-Orientales et la profession agricole. De nouvelles réunions de concertation sont prévues en début de semaine avant la publication du nouvel arrêté, mardi 9 mai, qui viendra préciser les conditions d’application du dispositif de crise.

L’État assumera sa part

« Nous sommes en mode dégradé, ce que nous faisons n’est pas fou mais nous essayons de faire en sorte que l’agriculture puisse passer l’été. Cela passe par, là où il y a de l’eau, que l’on puisse consacrer un débit minimum à l’agriculture, comme cela sera pour toutes les autres activités qui seront soumises aux mêmes contraintes et que, là où c’est possible également, tenter d’empêcher les pertes de fonds. C’est rendu compliqué parce que c’est un travail différent d’une zone à l’autre… » Pour l’élevage, il précisait également que le ministère allait voir comment appuyer plus spécifiquement cette filière notamment pour les questions d’abreuvement.

« Pour ce qui est du volet assurance, nous avons décidé de ne pas prendre en compte les interdictions administratives, qui limitent les indemnisations et l’État abondera donc toute sa part sur les pertes de récolte et faire en sorte que le système d’indemnisation soit accéléré parce que la situation des Pyrénées-Orientales est exceptionnelle. Mais il faudra aussi que les assurances prennent leur part. Pour les pertes de fonds, les arbres, comme cela risque d’arriver, c’est plus compliqué, il y a un travail à mener » ajoutait Marc Fesneau avant de préciser que le calcul serait effectué sur la base de la moyenne olympique comme c’est prévu par l’Europe. Voilà pour la crise. Et le moyen et long terme ?

Gestion du barrage

Ce qui était attendu, c’est au centre de toutes les polémiques depuis plusieurs semaines, a été abordé. La question de la gestion des barrages… « Nous avons besoin de préserver la ressource en eau et aujourd’hui il faut que nous regardions comment améliorer collectivement la gouvernance de la gestion de ces réserves. » Aucun engagement par contre du côté de la création de nouvelles réserves… « Est-ce qu’il y a des ouvrages qui font défaut ? Il faut aussi regarder cela » avant de préciser qu’il était disposé à faire en sorte que le plan France 2030 puisse permettre de développer des systèmes plus économes en eau dans les exploitations.

Dans la matinée, le ministre, après une rencontre avec les syndicats agricoles, s’est rendu sur l’exploitation de Guy Banyuls à Espira de l’Agly où il a pu constater les ravages de la sécheresse sur des abricotiers privés d’eau et voir l’Agly à sec avant de rejoindre Ille-sur-Têt pour visiter une exploitation en maraîchage (artichauts, concombre et arbres fruitiers). Mais il faudra donc attendre mardi soir pour connaître le détail des mesures et la couleur du « débit minimum » annoncé pour l’agriculture.

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