Salades : une production désormais “comme une autre” [par Yann Kerveno]

Production phare de la plaine du Roussillon, la salade est rentrée dans le rang, ne pouvant lutter avec la concurrence espagnole ou italienne.

L’histoire et le marché, auront eu raison de la salade dans les Pyrénées-Orientales. Imaginez donc : il y a quinze ans, le département comptait 1 050 hectares de salades de plein champ et 565 hectares sous abri. L’an passé, la jauge est tombée à 135 hectares de plein champ et 270 hectares sous abri. Une jauge que Nicolas Mansouri, en charge de cette production à la Chambre d’agriculture, estime aujourd’hui stabilisée, en dépit du contexte. “Il y a quinze ans, en effet, la salade d’hiver était la production la plus importante du département mais aujourd’hui ce n’est plus le cas” confirme-t-il. La cause de cette désaffection est bien connue : la concurrence. “S’il est un marché très concurrentiel c’est bien celui de la salade” explique encore le technicien de la Chambre d’agriculture. “Aujourd’hui, les deux leaders du marché sont l’Espagne et l’Italie, la France, et le Roussillon en particulier, ne sont plus que des marchés d’appoint. Même les contrats de quatrième gamme, soit à peu près aujourd’hui 80 % des surfaces cultivées en Roussillon, sont de plus en plus âprement discutés.”
Cette année 2020, à nulle autre pareille, aura été une épreuve de plus pour cette filière fragilisée. La fermeture de la restauration, collective ou commerciale, principal marché de la salade quatrième gamme, aura causé la fermeture de Florette au pire de la crise du Covid. “Et aujourd’hui, on ne sait pas ce qui va se passer de ce côté-là” précise Nicolas Mansouri.

Mutation bien avancée
Compte tenu du contexte, il estime donc que les surfaces de plein champ devraient régresser encore cet hiver dans les Pyrénées-Orientales. Pour les salades sous abri, il considère que les surfaces devraient rester stables, de 250 à 270 hectares… “Ce sont des productions dont les outils sont en place et les producteurs très spécialisés” ajoute-t-il, de producteurs donc mieux armés pour résister à la concurrence étrangère.
À la place des salades, de nouvelles productions ont colonisé les hectares autrefois dévolus aux laitues et autres frisées. “On voit des producteurs qui étaient des spécialistes avoir déserté la production de salades. En plein champ, la salade est aujourd’hui concurrencée par le céleri branche qui progresse fortement, l’artichaut aussi a conquis des surfaces ces dernières années.” Mais ce ne sont pas les seules espèces à coloniser la plaine du Roussillon. “On voit aussi se développer la mini-blette, les plantes aromatiques fraîches, la patate douce, inconnue il y a une dizaine d’années, les brocolis, inexistants il y a cinq ou six ans.” La mutation du maraîchage est bien avancée dans les Pyrénées-Orientales.

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