Recensement : moins d’exploitations et de surface agricole utile [par Yann Kerveno]

Un recensement, c’est une avalanche de chiffres qui traduit, le plus souvent, ce que l’on peut constater sur le terrain. Mais l’avalanche de chiffres à une qualité. Elle permet de quantifier ! Et cette année encore, la version 2020 du Recensement général agricole, il a lieu tous les dix ans, ne va pas manquer d’alimenter les conversations… L’Agri essaye d’y voir plus clair.

Les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales n’échappent pas aux grandes tendances nationales largement reprises dans les médias depuis la présentation des résultats globaux par le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie. Pour résumer, les surfaces cultivées sont en baisse, le nombre d’exploitations recule, la surface moyenne progresse et l’âge du capitaine, du ou de la chef(fe) d’exploitation est un problème de court terme. Dans le détail, les P.-O. ont ainsi perdu en dix ans près de 900 exploitations, il n’en subsiste que 3 212, c’est un recul de 22,5 % quand le département de l’Aude en perdait 1 200, il en reste 6 000, soit un recul un peu moindre, 16,4 % “seulement”. Cet ordre de grandeur se confirme dans l’évolution des surfaces cultivées, les Pyrénées-Orientales ont perdu environ 7 000 hectares (dont 6 000 de vignes…) à 68 000 ha cultivés en 2020 (- 9,2 %) quand le département de l’Aude en perdait 8 000, pour 215 000 ha cultivés, soit un repli moindre de 4 %.

Produit brut standard

Il est aussi un indicateur intéressant à étudier, le produit brut standard (PBS). S’il ne correspond pas au chiffre d’affaires, il permet de quantifier le potentiel économique des exploitations. Et là aussi, les chiffres sont en recul, de manière quasi équivalente dans les deux départements, ils perdent entre 8,5 et 9 %, à 373 M € pour les Pyrénées-Orientales et 565 M € pour l’Aude. Voilà pour les grandes lignes ! Entrons maintenant dans le détail. Comme les autres départements français, les Pyrénées-Orientales et l’Aude sont sous l’épée de Damoclès du renouvellement des générations. Dans l’Aude, 33 % des chefs d’exploitation ont soixante ans dont un bon tiers n’a aucune idée de la suite, un autre tiers n’entend pas partir à la retraite dans les trois ans et 24 % des exploitations sont pour l’heure engagées dans un projet de reprise, quand 5 % iront agrandir des exploitations existantes. Dans les Pyrénées-Orientales, 20 % sont promises à des reprises mais pour 35 % d’entre elles, aucune suite n’est pour l’instant dessinée.

Surface agricole utile

Et dans le détail des surfaces ? Dans les Pyrénées-Orientales les productions gagnantes en termes de surface sont les céréales et les oléoprotéagineux, les légumes secs, les pommes de terre (168 ha au lieu de 109), la production de fourrages annuels et cultures fruitières qui gagnent 1 000 hectares en dix ans. Outre la vigne, déjà évoquée, le recul en surface est sensible pour les plantes à parfums, médicinales et aromatiques (- 40 hectares), la production de légumes frais, melon ou fraise reste stable. Dans l’Aude, les céréales perdent environ 10 000 hectares et la vigne 6 000, comme les Pyrénées-Orientales, mais il reste 63 000 hectares de vignobles. Toutes les autres productions, ou presque, voient la superficie qui leur est consacrée augmenter, en particulier les fourrages annuels, les légumes qui passent de 750 à 1 200 hectares, les plantes à parfums et aromatique qui passent de 56 ha à 244 ha et les cultures fruitières qui atteignent 1 687 ha contre 1 258 il y a 10 ans.

Cheptels

Pour les productions animales, l’Aude a très nettement reculé dans la volaille de chair, le troupeau de bovins et celui de porcs se sont également un peu érodés pendant que les troupeaux d’ovins et de caprins progressent légèrement. Au total, le nombre d’unités gros bovin (UGB) présentes sur le département de l’Aude tombe de 48 000 à 40 000 alors qu’il est quasi stable dans les Pyrénées-Orientale à un peu plus de 19 000 UGB. Avec, pour les P.-O., une grande stabilité des troupeaux de bovins, d’ovins et de caprins, les diminutions enregistrées chez les équins et dans la volaille étant compensées par la très forte augmentation de la production porcine, elle a été multipliée par dix en dix ans.

Et la main d’œuvre ?

Pour finir ce tour d’horizon, la main-d’œuvre totale a fortement régressé en 10 ans. Elle affiche – 28 % dans les P.-O. Avec une notable augmentation du nombre de salariés permanents, qui traduit l’agrandissement des structures (2 419 personnes et 1 929 Équivalents temps plein – ETP) quand le nombre de salariés occasionnels ou saisonniers recule fortement en passant de 15 000 à 10 000, mais le nombre d’ETP progresse de 17 % pour atteindre 1 700, signe que le travail se concentre sur un plus petit nombre de travailleurs. Dans l’Aude, la main-d’œuvre totale est en recul 30 % (- 7 % en ETP) et le repli des saisonniers est tout aussi brutal, il est tombé à 10 000 personnes, – 18 % mais à l’inverse des Pyrénées-Orientales, le nombre d’ETP, 1 130, y est quasi stable (+ 3 %) tandis que le nombre de salariés permanent y a aussi fortement augmenté, + 18 % en ETP à 1 757.

Les chiffres complets pour l’Aude et les Pyrénées-Orientales sont disponibles sur le site de la DRAAF Occitanie.

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