Perpignan : quatre fleurs pour un label très convoité [par Thierry Masdéu]
SI vous êtes observateur, vous l’aurez sans doute remarqué, certaines entrées d’agglomérations affichent au côté de leurs panneaux nominatifs une autre signalétique, avec l’inscription “Villes et Villages Fleuris”. Orné d’une à quatre fleurs, suivant le niveau d’évaluation attribué par un jury territorial ou national, cet affichage labellisé atteste des efforts réalisés par la commune qui œuvre à l’embellissement et la qualité de vie sur son territoire. Valorisation du patrimoine végétal, fleurissement des zones urbaines et espaces verts, gestion des ressources naturelles, préservation de la biodiversité, participation citoyenne, etc. Une stratégie environnementale globale et attractive pour le bien-être des habitants et l’accueil touristique des visiteurs.
Créé en 1959, ce label regroupe aujourd’hui près de 4 470 communes dont 276 avec le niveau “4 Fleurs”, distinction la plus élevée que Perpignan arbore fièrement, renouvellement après renouvellement depuis 2011 (voir encadré) et qui a même été consacrée “Fleur d’Or” en 2014. Contrôlée tous les trois ans par un jury national du Conseil national des villes et villages fleuris (CNVVF), cette labellisation, qui inclut également dans son règlement des critères culturels, sociaux et économiques, impulse une dynamique auprès des élus et équipes municipales, soucieux de conserver ce classement. “Ce label fait partie d’une stratégie de nature en ville déployée par nos services et nous incite, tout au long de l’année, à améliorer l’aménagement des parcs, des jardins et des sites d’intérêts ! Faire du beau et plus résistant avec des végétaux durables, moins gourmands en eau et, dans la mesure du possible, demandant moins d’entretien” témoigne, passionnée, Catherine Dault, directrice de la Direction Nature et Agriculture urbaines de la ville de Perpignan. “C’est une remise en question permanente avec toujours cette même réflexion de faire en fonction des sites le meilleur choix de plantations adaptées au changement climatique !” Une ligne de conduite qui s’inscrit comme celui de l’obtention du label “EcoJardin”, décroché cette année par la ville pour le site du Bois des Chênes avec la belle notation de 93/100.
Écosystème urbain et défis climatiques
Ces labellisations qui sont, pour les communes, un véritable moteur de végétalisation, contribuent de par leurs critères de participation à une meilleure connaissance sur la gestion et l’anticipation de l’écosystème urbain pour l’adapter aux défis climatiques. “En matière de réchauffement, la priorité est essentiellement basée sur la réduction des îlots de chaleur urbain qui, pour la ville de Perpignan, sont majoritairement situés sur les grandes voies. Toutefois, on y plante chaque année une moyenne de 800 arbres !” indique la directrice. “Il faut tout de même noter qu’avec nos spécialistes du patrimoine arboré, nous gérons sur l’ensemble de la commune près de 35 000 arbres, dont ceux du centre ville qui sont garants, avec l’architecture de nos bâtisses, d’une atténuation notable de ces îlots de chaleur !”
Réhabilitation historique du square Bir Hakeim, fleurissement des quais de la Basse, plantation d’une forêt native de type Miyawaki en zone urbaine (voir L’Agri n°3798), création de 130 jardins familiaux dont les derniers en date sur le quartier du Champ-de-Mars, inventaire de la faune et de la flore, expertises sanitaires des grands arbres, mise en place d’éco pâturages sur l’espace naturel du bois des Chênes et du parc Sant-Vicens, etc. Autant d’actions qui soulignent l’intérêt de la municipalité à faire cohabiter nature et urbanisme avec ses citadins, mais aussi l’agriculture, que la ville souhaite revoir à nouveau prospérer sur sa commune. “Depuis l’arrivée de Gérard Raynal comme conseiller municipal délégué à l’agriculture et viticulture, notre service s’est renforcé d’une équipe de sept personnes en charge de projets liés à l’agriculture.” souligne Catherine Dault, qui nous en dévoile les grandes lignes : “Mis à part les projets qui sont à l’étude, comme celui d’une ferme permaculture, d’une ferme pédagogique avec peut-être des animaux, l’installation de ruchers, mais aussi la formation de jardiniers pour la taille des oliviers en vue de récolte et production d’huile d’olives, nous effectuons un état des lieux général des terrains et friches agricoles. L’objectif est d’évaluer et cibler les zones avec du potentiel agraire pour ensuite, par l’intermédiaire de différents acteurs comme l’Agglo et la Chambre d’agriculture, faciliter l’installation d’exploitations agricoles sur la commune.” Un projet incitatif pour une compétence intercommunale qui, si elle arrive à un heureux dénouement au travers des méandres du millefeuille administratif, pourrait déjà solutionner en partie le sempiternel problème des friches périurbaines.
À suivre…