Rebond du marché du foncier après Covid [par Yann Kerveno]

La Covid n’aura pas changé grand chose au marché du foncier, loin s’en faut. Sinon renforcé les tensions sur le marché des maisons à la campagne et pour les terres à fort potentiel agronomique dans la région.

Divisé en plusieurs catégories, le marché du foncier n’est pas homogène. C’est ce qu’à expliqué la SAFER Occitanie lors de son point presse annuel en commentant ses résultats 2021. Parmi les faits marquants à l’échelle de la région, Frédéric André, directeur de la SAFER Occitanie, mentionnait les terres vendues pour artificialisation et les maisons à la campagne. Pour le reste, le marché de la forêt est atone et celui des terres purement agricole essentiellement tourné autour des terres irrigables et/ ou à fort potentiel agronomique. Avec, au final, des prix qui ont tendance à stagner.

“Ce que nous constatons, c’est qu’il existe une très forte demande pour les terres irrigables et/ou à fort potentiel agronomique, ce sont deux critères qui semblent primer aujourd’hui. En corollaire, les terrains sans valeur agronomique et sans potentiel se vendent très mal, même à des prix très bas” précise Frédéric André. “Pour résumer, il y a deux ans, tout était à vendre mais rien ne s’achetait, aujourd’hui, tout s’achète mais rien ne se vend.” Sur l’année 2021, la SAFER a ainsi vu passer 20 500 hectares pour 290 M € contre un marché qui atteignait 200 à 220 M € avant la Covid. Sur ces 20 500 hectares rétrocédés, 40 % sont allés à des installations d’agriculteurs, 620 dossiers, soit une progression de 30 % par rapport à 2020.

Le prix des vignes en progression

Le marché des terres destinées à l’artificialisation a rebondi très nettement après le creux dû à la Covid en 2020, avec 6 850 hectares concernés, contre 6 180 en 2019… Un peu plus de 1 200 hectares ont été cédés à des collectivités à cette fin, le reste revenant au privé. De même, le marché des maisons à la campagne a progressé, en 2021, de 20 % en nombre de vente, de 22 % en surfaces et de 33 % en valeur pour atteindre 2,6 milliards d’euros en 11 900 ventes et 8 647 hectares.
Dans la grande famille des terres agricoles, le prix des vignes continue sa progression, en valeur et en volume, pour dépasser, dans la région, les 100 M € en valeur et 6 320 hectares, contre 87 M€ en 2019 pour 6 880 hectares.

Foncière pour aider l’installation

La SAFER a aussi annoncé la création d’une société foncière dont le rôle sera de procéder à du portage de foncier pour les jeunes agriculteurs. Portée par la Région, la SAFER et les banques réunies dans une SAS, elle a réalisé une première levée de fonds qui a permis d’engranger 1,60 M €. Ce qui donne à la SAS un volant d’action approchant les 5 M € (30 % d’apport par la foncière et financement du reste par l’emprunt) pour les acquisitions. Le portage sera de courte durée, de 4 à 9 ans, et accessible par une convention de mise à disposition. Ce dispositif est destiné en particulier à faciliter l’installation des jeunes agriculteurs pour qui le prix du foncier peut parfois être un obstacle majeur. À l’issue de la convention, les bénéficiaires pouvant se porter acquéreurs des terres qu’ils ont mis en valeur. Ce sont 60 dossiers, avec une moyenne de 80 000 euros qui pourront être traités avec ce premier round.

Et dans les Pyrénées-Orientales ?

Le département des Pyrénées-Orientales n’échappe pas aux grandes tendances qui agitent le marché du foncier en Occitanie. “Comme partout, les terres accessibles à l’irrigation, avec un forage déclaré et du potentiel agronomique sont très demandées” confirme François Pourcelot, directeur de la SAFER des Pyrénées-Orientales. “À ce titre, le secteur le plus dynamique est celui de l’Illibéris, autour d’Elne en particulier, à cause du dynamisme de la filière plantes à parfums et médicinales en plein développement.”
En Salanque, il semble que l’hiver et la mévente des artichauts aient un peu refroidi les ardeurs des acheteurs éventuels. Ce qui se confirme aussi, selon ses observations, c’est la scission du marché en deux catégories d’acheteurs, les gros opérateurs qui ont besoin de s’agrandir pour rester dans la course et les petits qui vont chercher plus de valeur ajoutée sur de petites surfaces. Au milieu, c’est la débandade.

Barcelonais

Pour la vigne, le marché est globalement atone dans tous les secteurs et en Cerdagne – Capcir il n’y a pas de vendeurs tandis que le marché des maisons à la campagne voit revenir les Barcelonais aux achats. Sur ce marché, dans l’arrière pays et en plaine, il n’hésite pas à parler de “folie furieuse”. “En 2020, en six mois, il y a eu autant de ventes que pour toute l’année 2019. Ce qui est intéressant toutefois, c’est que nous sommes de plus en plus souvent saisis par les communes pour des préemptions avec révision de prix” ajoute-t-il. “C’est la preuve que les communes ont compris que la lutte contre la cabanisation et les terrains de loisirs était importante pour maintenir, sur leur territoire, le foncier à des prix agricoles qui permettent de conserver des agriculteurs en place ou installer des jeunes.”

Y.K.

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