Quand un président se lâche [par Dorothée Boyer Paillard]

“Le pauvre est en plus haut servage ;
Car devenir riche il ne peut ;
Mais le riche a cet avantage,
De devenir pauvre s’il le veut.”
Cette épigramme de Claude Mermet datant de 1583 n’est jamais autant d’actualité qu’en ces temps complexes. Ce 17 octobre était la journée internationale de l’élimination de la pauvreté. Selon l’ONU, 736 millions de personnes vivaient, en 2015, en dessous du seuil de pauvreté fixé à 1,90 dollar par jour, soit 1,64 euros. L’observatoire des inégalités rapporte que la crise de la Covid-19 a fait basculer plusieurs centaines de milliers de personnes sous ce seuil de pauvreté. Des étudiants font désormais la queue pour avoir de quoi manger auprès des associations caritatives. Mais la crise de la Covid-19 a permis aux plus riches d’engranger des bénéfices inédits et la bourse ne s’est jamais aussi bien portée.
Les pauvres, les “sans-dents”, doivent supporter les augmentations du prix du gaz, du fioul, de l’essence, de l’électricité, des biens de première nécessité, sans broncher. Les mouvements sociaux des gilets-jaunes ont été réprimés dans une violence indécente. Ce “pognon de dingue mis dans les minima sociaux”, ces “fainéants”, ces “cyniques”, ces “gens qui ne sont rien” doivent supporter et subir les décisions, autant injustes qu’injustifiées, qui s’imposent à elles. Il ne faut pas croire que le pauvre détient la vérité sur le riche ou disposerait de plus de vertu, la nature humaine est consternante parfois, trop souvent même. Cependant, les inégalités se creusent, elles sont sociales, intellectuelles, économiques, sociologiques, culturelles. 40 années auront suffi à engendrer notre époque et à décomplexer la moralité et l’honneur.

Le peuple avance masqué, culpabilisé car il n’en fait jamais assez

Et l’attitude de Jupiter fêtant dignement son pénalty lors d’une soirée durant laquelle seuls les serveurs et les petites mains, sur les vidéos et photos publiées, semblaient devoir porter le masque, n’est que la face émergée de l’iceberg. Certes, vous me direz que pour manger il eut été difficile de faire autrement. Mais que dire alors de ces moments de fiesta debout à chanter, ou à échanger comme Jupiter ou encore notre ministre de la Santé avec une gente Dame ?
Le peuple, lui, avance masqué, culpabilisé car il n’en fait jamais assez, les enfants étouffent sous les masques à longueur de journée, mais la gentilhommerie élyséenne peut danser, chanter, boire, s’amuser. Elle n’est pas la seule, le star système a festoyé dans des appartements privés durant le temps où le bas peuple était confiné, où des gamins et des plus faibles se faisaient tabasser, si ce n’est pire. Ces images, destinées par un média mainstream à ceux qui doivent tout accepter, sont d’une ignominie crasse, d’un mépris des classes affiché et décomplexé.
J’en terminerai par cette autre épigramme de Claude Mermet :
“Quand quelque riche fait folie,
Le monde dit cela n’est rien ;
Mais quand quelque pauvre s’oublie,
Croyez qu’on le redresse bien.”

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