Pierre Perret, l’artiste essentiel ! [par Karo et Didoo]

Après avoir évoqué la beauté de Noël, nous avons pensé poursuivre avec un artiste bien connu du peuple français et surtout, nous l’espérons, que tout le monde aime !
Pourquoi ? Car il est bien de chez nous, qu’il semble bien nous comprendre, qu’il est du Sud et malgré son air enjoué, il sait être tendre, rempli de sensibilité et il manie avec originalité la langue française.
Alors, vous l’avez deviné (puisque vous avez vu la photo), il se nomme Pierre Perret, il est né en 1934 à Castelsarrasin où ses parents tenaient le Café du Pont, ce qui fût un bon début pour lui pour apprendre la vie, même en argot ! Adolescent, il entrera au conservatoire de musique et d’art dramatique de Toulouse et s’essaiera à jouer dans les bals populaires et fêtes familiales.

Après son service militaire, il montera très vite à la capitale où il rencontrera Brassens et des artistes de cabaret. C’est ainsi qu’il accompagnera à la guitare et écrira des chansons, mais sera trop timide pour les chanter lui-même. Jusqu’à ce qu’un directeur de salle lui permette de chanter. Remarqué par le manager de Bécaud et de Trénet, il est engagé par Barclay et enregistre son premier 45 tours “Moi j’attends Adèle” qui le fera connaître du grand public. C’est aussi dans cette maison de disques qu’il rencontrera sa future épouse. Il poursuivra ses tournées dans les cabarets parisiens et partira sur les routes de France et d’Afrique en première partie des Platters !

Atteint de pleurésie, il séjournera durant deux ans dans un sanatorium en Haute Savoie. En 1960, il poursuivra sa carrière en enregistrant d’autres disques, se produira à l’Olympia en première partie de Nana Mouskouri, de Johnny et même des Rollings Stones pour leur premier concert en France ! En 1969, avec le soutien de son épouse, il créera sa propre maison de disques appelée “Adèle”.
Cet artiste a plusieurs facettes, jouant des petits rôles au cinéma, créant des musiques de film, écrivant des romans, des documentaires etc. Il aime et manie tellement bien la langue française qu’il fait partie du Conseil supérieur de notre langue !

Populaire, jovial, engagé…

Regardons de plus près certaines de ses chansons. Le premier disque remonte à 1957 et commence par cette phrase “Moi j’attends Adèle pour la bagatelle”, et son premier grand succès “Le tord-boyaux” donnent le ton. Il est connu pour cet univers fantasque décrit dans un argot jovial avec l’accent du Sud-Ouest. Il doit sa popularité à ses chansons comiques, à sa grivoiserie chantée avec finesse, humour et surtout sans vulgarité, le versant opposé du rap et autres diarrhées verbales proposées sur les ondes.

Il s’immisce dans nos vies en caricaturant “Les jolies colonies de vacances” – 1966, “Tonton Cristobal” – 1967, “Cuisses de mouches” – 1968, “La cage aux oiseaux” – 1971, “C’est au mois d’août” – 1972, “Le plombier” – 1973 et “Le zizi” – 1975 ; un million d’exemplaires, 16 disques d’or. Ce personnage-là est inscrit dans notre patrimoine, mais il faut aussi parler et révéler sûrement à certains l’auteur grave et mélancolique. “Lily”, en 1977, est devenue un classique des chansons anti-racistes. Elle lui vaut, en 1978, le prix de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme. Le texte est proposé comme sujet de réflexion aux adolescents en sujet blanc de brevet des collèges ou en sujet de baccalauréat. En 1977 encore, il écrit “Ma nouvelle adresse” qui traite de la vie des travailleurs et rend hommage à Jacques Brel, parti vivre “Au vent des alizés”. “Mon p’tit loup” a été écrit pour une jeune fille victime de viol en 1976. Il écrira sur l’avortement avec “Elle attend son petit” en 1981, sur la famine, l’excision et plus généralement la condition des femmes en Afrique avec “Riz pilé” en 1989, l’écologie avec “Vert de colère” en 1998, la guerre avec “La petite Kurde” en 1992, le tabac avec “Mourir du tabac” en 2002, ou la remontée du fascisme “La Bête est revenue”, en 1998.

On vous propose deux de ses dernières chansons pour conclure, celles qui ne passe pas à la radio car “les petits marquis” n’aiment pas ce style-là. Ce sont deux textes magnifiques, mis en musique avec tendresse et humour, de quoi égayer ces tristes journées d’hiver. La poétique s’intitule “Bientôt”, et l’humoristique est “Les confinis” : un petit tour sur votre moteur de recherche préféré et régalez-vous.

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