Parce que rien n’est jamais simple (sem. 49-2023) [par Yann Kerveno]

Houston ! Nous avons un problème

Qu’on ne s’y trompe pas, la prochaine tempête autour de la PAC viendra, en grande partie, du projet d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Parce que c’est un grand pays agricole au modèle complètement différent de celui qui existe de ce côté-ci de l’ex-rideau de fer, les plus anciens comprendront. Le principal syndicat agricole allemand, dans un pays qui a perdu dix fermes par jour depuis dix ans, a déjà tiré la sonnette d’alarme en expliquant que l’entrée de l’Ukraine, avec ses fermes à 458 hectares de SAU moyenne, signerait la fin de l’agriculture familiale européenne en imposant une réforme de la mécanique de la PAC. Et notamment celle du paiement à la surface sans conditions. Peut-être une opportunité pour l’agriculture méditerranéenne, finalement bien moins concernée que d’autres zones ?

Brèche

Ce projet d’adhésion, et la nécessaire refonte des mécanismes de la PAC qu’il implique, a ouvert une brèche aux pourfendeurs de la politique agricole qui n’ont cure des paysages, de l’occupation du territoire, des emplois en zones rurales et ne jurent que par le PIB. C’est ainsi la réflexion de Nikolaus J. Kurmayer qui estime, dans les colonnes d’Euractiv, qu’il faut en finir avec la Politique agricole commune qui “engraisse, en absorbant un tiers du budget, un secteur économique qui ne contribue qu’à 1,4 % du PIB de l’Union et ne semble pas prêt à prendre sa part dans l’évolution du monde.” Inspirée par les réactions des secteurs industriels, visiblement jaloux que le secteur agricole soit en partie dispensé des efforts sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, cette tribune n’hésite pas à dire qu’il n’y a pas à s’inquiéter de la fin de l’agriculture familiale, qualifiée d’inefficace, et que “les agriculteurs qui seraient obligés de cesser leur activité pourraient ainsi pallier aux problèmes récurrents de main-d’œuvre que connaît le secteur.” Il fallait oser.

Jachères

En attendant, onze pays de l’Union ont demandé, le 20 novembre dernier, plus de flexibilité dans l’application des règles des jachères, les fameux et controversés 4 % qui doivent être consacrés aux haies, bosquets et jachères… Et dont la mise en culture avait été autorisée en 2022 et 2023 en raison du conflit en Ukraine. Visiblement, la Commission européenne n’est pas sur cette longueur d’onde et argue que les prix du marché sont suffisamment bas comme ça et que le risque de surproduction existe.

Lupus

Il n’y a pas que chez nous que le retour du loup crée débat. Ainsi, aux États-Unis, le Colorado a voté, à une très courte majorité, la réintroduction de Canis Lupus dans certaines zones de l’État. La majorité des éleveurs de la région est vent debout contre cette mesure, votée principalement par les comtés urbains. De son côté, l’État fédéral planche sur le règlement qui permettra aux éleveurs de se défendre contre les attaques sur les troupeaux.
En Espagne, le gouvernement va faire réaliser un recensement des loups présents sur le territoire national pour évaluer la santé de l’espèce. Depuis 2021, le loup n’est plus chassable sur l’ensemble du territoire, même dans les communautés autonomes du Nord-Ouest du pays où il est très présent, et cette enquête permettra d’évaluer la tendance, la dernière étude de ce type remontant à 2014.

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