Parce que rien n’est jamais simple sem. 43-2022 [par Yann Kerveno]

Bagarre

Le nutriscore, s’il survit à la bagarre qu’il vient de générer, aura eu un parcours long et semé d’embûches que ses promoteurs n’avaient peut-être pas imaginé. Après les réticences de l’industrie agroalimentaire qui craignait de voir étaler au grand jour l’éventuelle nocivité de ses produits pour la santé, les grognements des producteurs de fromages, les critiques sur l’absence de prise en compte du niveau de transformation des produits, voici que les pays s’en mêlent alors que l’Europe doit décider, d’ici la fin de l’année, de son extension à l’ensemble du territoire de l’Union et de la forme du logo à apposer. Pour l’heure, 500 industriels ont adopté la démarche avant une évolution prochaine de l’algorithme qui sert à définir la classe des produits (de A à E) mais 40 % des produits français ne l’abordent pas encore. S’il est relativement entré dans les mœurs en France, c’est en Italie, aujourd’hui, qu’il crée la polémique au motif qu’il pénalise trop les produits “nationaux”, huile d’olive, jambon de Parme ou le Gorgonzola, et l’enseigne française Carrefour a été obligée de faire machine arrière sous pression de l’autorité européenne de la concurrence… Si la bataille est feutrée dans les couloirs bruxellois, elle n’en reste pas moins visiblement féroce. Sept pays de l’Union l’ont, pour l’instant, adopté.

Souci

Quand on garde un œil sur le marché mondial des céréales, on est fondé à se faire des cheveux blancs cet automne. Parce que la situation reste complexe. Les incertitudes sur la pérennité du transit des céréales depuis la mer Noire demeurent, les Russes ont bombardé et détruit tout récemment un site de stockage d’huile de tournesol, plein, sur le port de Mykolayiv. C’est une première chose.
Ailleurs dans le monde, les incertitudes sont aussi d’actualité aux États-Unis, un des principaux bassins de production de céréales et oléoprotéagineux du monde. La sécheresse durable oblige en effet les producteurs de blé d’hiver du Midwest de semer dans la poussière… Le dernier rapport WASDE du ministère américain de l’Agriculture se montre, en plus, relativement pessimiste pour les dernières moissons en cours, maïs et soja avec des rendements inférieurs à ceux jusqu’ici prévus. La clé de la campagne 2022-2023 pourrait être détenue par l’Argentine et le Brésil.

OGM

Au Kenya, le gouvernement du pays a levé, début octobre, le moratoire sur les OGM en place depuis une dizaine d’années. Les agriculteurs auront donc désormais le droit de les cultiver et de nourrir leurs animaux avec. Cette décision a été prise en particulier sous la pression des États-Unis qui considéraient officiellement le moratoire comme une atteinte à leurs capacités d’exportation vers le Kenya mais elle doit aussi répondre, selon les autorités kenyanes, aux défis qui s’imposent dans le pays : la sécheresse et le besoin de faire évoluer l’agriculture en adoptant des variétés résistantes aux ravageurs et aux maladies…

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