Parce que rien n’est jamais simple – sem 37-2022 [par Yann Kerveno]

Vous avez dit bio ?

Dans un point de vue confié à nos confrères de Stripfood, Bruno Parmentier, ancien directeur de l’École supérieur d’agriculture d’Angers, remet quelques points sur les i de l’agriculture bio. Non, pas de l’agriculture bio mais de ceux qui ont assuré qu’il n’y avait que ce modèle pour échapper aux flammes de l’enfer. Il rappelle d’abord que la croissance infinie n’est qu’une lubie et que, dans notre système, tout finit par arriver à une stagnation puis une “décroissance vers un équilibre naturel” et suggère que nous sommes peut-être arrivés à ce palier. Il rappelle aussi que manger 100 % bio est très complexe et cher, que de nouvelles injonctions sont venues concurrencer la bio (vegan, etc.) et pose enfin la question de la production qui ne peut, selon lui, ne concerner qu’une minorité d’agriculteurs.

Grève pas banale

De l’autre côté de notre frontière, ce sont les chasseurs de sangliers qui sont en grève depuis le 4 septembre. Ils protestent contre l’obligation qui leur est faite, par la loi, de déclarer à l’avance les zones de battue pour limiter au maximum le risque d’accident. Pour les chasseurs, cette contrainte est de trop alors qu’ils s’efforcent, année après année, de limiter la prolifération des sangliers et que leur nombre se multiplie sans contrôle. Outre les dégâts annoncés aux cultures, ils pourraient devenir des vecteurs de la peste porcine africaine, déjà présente aux portes de la France, en Allemagne et en Italie. À l’autre bout du pays, dans les Asturies, les producteurs de maïs estiment que les sangliers prélèvent jusqu’à 20 % de la récolte.

Ôtez moi ce gène

Il est de bon ton aujourd’hui, alors que la décroissance est devenue le mot à la mode, de railler la capacité du progrès et de la technologie pour nous sortir de quelques-uns des mauvais pas dans lesquelles elle nous a fourrés. Pourtant, une découverte récente pourrait bien changer la donne et nous apporter plus de résistance face à la sécheresse. Une équipe internationale de chercheurs a en effet isolé un gène du blé et de l’orge, EGT1, qui influe sur l’orientation des racines. Les plantes privées du gène voient leur racine descendre verticalement, au contraire des autres qui ont tendance à s’étaler près de la surface du sol. L’idée des chercheurs est donc de supprimer ce gène pour “forcer” les végétaux à s’ancrer plus profondément dans le sol et y trouver plus d’eau et de nutriments qu’en surface. Comme quoi, parfois, en creusant… On trouve.

Suzukii

À noter aussi cette nouvelle prometteuse pour les producteurs de fruits. Les chercheurs ont utilisé la technologie d’édition génétique Crispr-Cas9, en déclinant ce qui a été réalisé pour empêcher la prolifération des moustiques, pour maîtriser Drosophila Suzukii qui fait tant de dégâts, sur les cerises en particulier. Avec des résultats très prometteurs.

Autorisations

Sinon, par chez nous, la commission européenne a décidé de modifier les règles d’autorisation de l’utilisation de micro-organismes en protection des plantes, des pesticides biologiques en somme, pour remédier au retrait du marché des produits de synthèse. Ces nouvelles règles entreront en vigueur en novembre prochain. 60 spécialités de cette famille sont aujourd’hui autorisées dans l’Union.

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