Parce que rien n’est jamais simple (sem. 2023-47) [par Yann Kerveno]

Glypho

Le feuilleton de la prolongation de l’autorisation d’utilisation du glyphosate a enfin pris fin après des mois et des mois d’atermoiements. Pour autant, c’est au final à la Commission européenne d’avoir eu le dernier mot, puisque les États membres ne sont pas parvenus à dégager une majorité suffisante pour ou contre le maintien de l’autorisation. La France, mais aussi l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique et Malte se sont abstenus lors du deuxième vote, tandis que trois pays ont voté contre, l’Autriche, qui a pris le parti de la bio, la Hongrie et le Luxembourg. Les autres étaient en phase avec la proposition de la Commission européenne de proroger l’autorisation pour 10 ans.

Après s’être fait refiler la patate diablement chaude, la Commission a renouvelé l’autorisation et renvoyé les pays abstentionnistes à leur responsabilité en rappelant que chaque État membre de l’Union “reste responsable des autorisations nationales des produits phytopharmaceutiques contenant du glyphosate et d’en restreindre l’usage si bon leur semble.” Ce qui ne semble, pour l’instant, n’être d’actualité ni en France, ni en Allemagne. Évidemment ce dossier n’a pas fini d’empoisonner le débat, qui n’en avait pas besoin.

Glypho et rames

Le ministre de l’Environnement, Christophe Béchu, essaye de se convaincre que l’abstention avait la même valeur qu’un vote contre pour essayer d’avaler la couleuvre d’une décision qu’il qualifie de “dinguerie”. Pascal Canfin, député européen, a sorti les rames en expliquant que l’abstention de la France n’est pas à l’origine de l’échec de son interdiction et que “s’abstenir n’était pas soutenir cette proposition”. Et tenté bien maladroitement de charger la barque espagnole en expliquant que c’est de la faute de l’Espagne si l’autorisation a été prolongée. S’attirant une remarque pour le moins verte sur X (Twitter) de José Maria Castilla, lobbyiste espagnol, qui a rappelé que “l’Espagne fonde ses décisions sur la science. En Europe, cela se traduit par le respect des instructions de l’agence de sécurité des produits sanitaires qui ont garanti que le produit est sûr et pas cancérigène.” Fermez le ban.

Chiche

Pendant qu’on est dans le dur, il y a aussi cette déclaration de Mathias Cormann, secrétaire général de l’Organisation de la coopération et de développement économique (OCDE) qui estime que les subventions à l’agriculture doivent être vouées à disparaître parce qu’elles “créent des distorsions et nuisent à l’environnement dans le monde entier.” Pour appuyer ce point de vue, il a expliqué que 800 milliards de dollars étaient versés dans le monde entier à l’agriculture chaque année et que seuls 13 % étaient fléchés vers l’innovation et que, “au lieu de cela, une trop grande partie de ce soutien se révèle inefficace dans la mesure où il transfère les revenus aux agriculteurs de manière inéquitable et avantage les grands exploitants et est trop souvent nuisible à l’environnement”.

Tomates

6,2 millions de tonnes. C’est la production européenne de tomates en 2022. Soit 13 % de moins qu’il y a cinq ans. Dans le même temps, les exportations de tomates du Maroc ont progressé de 40 %, exportations dont l’Union européenne absorbe les trois quarts des tonnages, 557 000 tonnes en 2022. Et la France ? Les importations ont progressé de 10 % en 2022 dont 63 % proviennent désormais du Maroc (425 000 tonnes en 2022 contre un peu moins de 100 000 tonnes pour l’Espagne).

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