Parce que rien n’est jamais simple (sem. 17-2023) [par Yann Kerveno]
L’Espagne dans le dur
Si les temps sont anxiogènes de ce côté-ci de la frontière, nos voisins espagnols ont déjà quasi terminé leur année. Ils sont en butte à une sécheresse intense qui affecte 60 % des exploitations et 3,5 millions d’hectares de culture. Comme chez nous, les météorologues ne voient pas venir de précipitations notables pour les prochaines semaines. Une grande partie des cultures d’hiver conduites en sec sont perdues, blé et orge en tête et les semis de maïs sont en très net repli préventif. La vigne et les oliviers souffrent également. Pour les cultures irriguées, elles sont, comme ici, suspendues aux arrêtés de restrictions et à la disponibilité de l’eau dans les réserves… Et comme s’il n’y en avait pas assez, la Semaine sainte a fait déferler sur le pays une vague de gel, la plus importante survenue jusqu’ici selon le système d’assurances agricoles espagnoles. 37 000 hectares sont concernés en Catalogne, Aragon, Castille la Manche et jusqu’aux provinces de Valence et Murcie. Les dégâts sont évalués à 150 M €.
Et l’Italie, l’Argentine…
Le Nord de l’Italie n’est guère mieux loti et la sécheresse qui y règne depuis de longs mois n’a pas de pareil dans l’histoire depuis le XVIIIe siècle. Selon les spécialistes, il faudrait 50 jours de pluie pour purger le déficit de précipitations et les producteurs de riz, dont l’Italie est le principal producteur européen, sont dans l’expectative… La situation n’est guère plus réjouissante en Argentine où la sécheresse fait aussi rage depuis de nombreux mois et exacerbe la crise économique que connaît le pays. Lagunes à sec, maïs qui tombe en poussière avant la récolte, rivières réduites à des filets d’eau… Si ce n’est pas encore l’apocalypse, cela commence à y ressembler. Mai le temps va changer, forcément, puis que le phénomène La Niña, qui occasionne des sécheresses et de la chaleur en Amérique du Sud et des pluies torrentielles de l’autre côté du Pacifique, va laisser place à un El Niño annoncé comme potentiellement puissant…
Bonnes nouvelles
Au chapitre des bonnes nouvelles de la semaine, notons ce rapport de l’agence européenne de santé sanitaire qui conclut que jamais les résidus de produits vétérinaires n’ont été aussi discrets. En 2021, seuls 0,17 % des 621 000 échantillons contrôlés présentaient un taux de résidus supérieur aux normes. La meilleure performance depuis douze ans. Les produits le plus souvent pris en défaut sont le miel pour les antibiotiques et le gibier pour les traces d’éléments métalliques. Autre bonne nouvelle, au moins pour les Américains dont c’est un emblème, le papillon Monarque tolère, a priori, très bien les néonicotinoïdes, au contraire des abeilles. C’est ce qu’ont montré des chercheurs américains au terme d’une étude publié dans le journal Ecological Entomology.
Autre bonne nouvelle, venue d’Afrique celle-là et du Sénégal où des chercheurs sont parvenus à développer des variétés de blés capables de pousser dans le pays. Avec en ligne de mire la possibilité de se passer des importations, 100 % de la consommation sénégalaise aujourd’hui, soit 700 000 tonnes de blé achetées pour moitié en Russie.