Parce que rien n’est jamais simple – sem. 05-2023 [par Yann Kerveno]

Circuit court ?

La crise de la Covid aura eu pour vertu de mettre en avant cette contradiction de consommateurs, réclamer des produits issus des circuits courts (sans trop d’intermédiaires en somme et à ne pas confondre avec “local”) mais se ruer de nouveau dans les supermarchés quand la bise est passée. N’en déplaise à la cigale ou à la fourmi d’ailleurs, les deux termes “circuit court” et “approvisionnement local” souffraient d’un manque de définition. FranceAgriMer a tenté de mettre un terme aux approximations dans une étude dont les résultats ont été publiés tout récemment. Et c’est un document intéressant parce qu’il pose d’emblée le problème, la confusion qui existe dans l’esprit des consommateurs. Ce qui est local est forcément court et ce qui est issu de circuit court est forcément local. Or, si vous achetez une tomate directement au Maroc, elle relève du circuit court, sans être locale… Vous suivez ? Inversement, si vous achetez une tomate du Roussillon à Perpignan dans une grande surface, elle est peut-être locale mais pas forcément issue de circuit court, ayant probablement changé plusieurs fois de propriétaire entre la serre et votre salade. Tout ceci mis en équation et en tableau montre que toutes les régions de France ne sont pas logées à la même enseigne en la matière !

Peste !

Il est parfois intéressant de prendre un peu de recul pour bien (du moins, mieux) comprendre l’actualité ! Sur twitter tout récemment, le chercheur Thibaut Fiolet a proposé un récapitulatif salutaire sur la question des pesticides pour prendre un peu de recul avec le discours angoissant et mortifère qui entoure leur usage depuis plusieurs années. Non pas qu’il gomme l’impact ou la dangerosité des molécules mais propose plutôt de raison garder… Comment ? En s’intéressant aux échelles. En deux parties, d’abord en s’intéressant aux conditions de l’évaluation des risques, puis aux questions épidémiologiques. Pour conclure, chiffres à l’appui, que la plupart des expositions aux pesticides (176 de ceux étudiés) par la voie alimentaire sont inférieures à 10 % de la dose journalière admissible et que ce chiffre descend à 1 % pour 111 autres… Avec cette réserve qu’il soulève avec honnêteté, celle d’absence de prise en compte, pour l’instant dans les études, du cumul d’exposition aux différents pesticides et aux effets dits “cocktails” possiblement nés de cette concomitance d’exposition.

Santé

Pour le côté épidémiologique, il souligne l’extrême complexité d’établir une relation de cause à effet par exposition chronique, par l’alimentation en particulier (faute d’études suffisantes, sauf pour le chlordécone…) alors qu’il existe une présomption forte pour l’exposition aux pesticides (hors alimentation) des mères ou des enfants avec le risque de développement de leucémie et de tumeurs du système nerveux central. Tout cela sans parler bien entendu des effets possibles des molécules sur l’environnement, leur rémanence et de l’autre côté les bénéfices à tirer de leur utilisation en termes de production agricole, production et sécurité alimentaire… Tout cela pour dire que la question de l’interdiction ou non de telle molécule dépasse (devrait dépasser) largement le cadre d’une simple discussion de comptoir…

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