Boniments et baratin [par Lilane Doger-Ledieu]
“Franchement, ce serait assez hypocrite de décaler l’âge légal. Quand aujourd’hui on est peu qualifié, quand on vit dans une région qui est en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu’on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans ! C’est ça la réalité de notre pays. Alors on va dire : « non non, faut aller à 64 ans ». Vous savez déjà plus comment faire après 55 ans. Les gens vous disent : « Les emplois, c’est plus bon pour vous ». C’est ça la réalité ! C’est le combat qu’on mène. On doit d’abord gagner ce combat avant d’aller expliquer aux gens : « Mes bons amis, travaillez plus longtemps, c’est le délai légal ». Ce serait hypocrite ! J’invite les gens qui, de manière simpliste, disent « c’est ça la solution » d’abord à regarder notre société. On doit gagner la bataille du plein emploi.”
C’est beau non ? Je tenais à retranscrire fidèlement ces paroles magnifiques d’un président sympa, proche du peuple, doté d’une empathie hors du commun. C’était au printemps 2019. Il ne manque pas d’air Biquet Nouveau Monde hein ? Et Véran qui nous tire les larmes : “Pour payer mes études de médecine, j’ai exercé un métier qui correspond à tous les critères de pénibilité. Donc je sais de quoi je parle”. Sans blague ! Combien de temps le métier pénible ?
Mentir, c’est trahir !
Ras la casquette de ces gens qui vivent hors des réalités et continuent leur guerre sociale à grands renforts de mensonges et de représentations théâtrales ! Évidemment, les mensonges ou les promesses dont on sait qu’on ne les tiendra pas ont un avantage sur la vérité : on sait à l’avance le dénouement des choses. Bien amené, bien enveloppé, ni vu ni connu, je t’embrouille. Et on a l’impression que cette comédie et ces mensonges effrontés omniprésents finissent par banaliser la chose d’une certaine façon. On en prend l’habitude. Et pourtant ! Tolérer un mensonge induit qu’il n’y ait plus de promesses possibles. Mentir, c’est trahir. Mentir, ce n’est pas juste dire sciemment quelque-chose de faux, c’est aussi ne pas dire consciemment la vérité alors qu’on la connaît. Et cela, non seulement dans son intérêt mais aussi pour nuire à celui qui écoute. Et lorsque le mensonge est utilisé comme une arme de manipulation, on est carrément dans le domaine de la psychopathie. À bon entendeur…
Vent debout citoyens ! Les uns pour les autres ! Les futurs retraités pour les boulangers ! Les boulangers pour les soignants suspendus ! Les soignants pour les agriculteurs !… Tous ensemble !
Nous savons qu’ils mentent. Ils savent que nous savons qu’ils mentent. Nous savons qu’ils savent que nous savons qu’ils mentent. Et pourtant, ils persistent à mentir. (Alexandre Soljenitsyne).