Parce que rien n’est jamais simple [par yann Kerveno]

JBS ferme Plantera foods

L’arrêt, aux États-Unis, du burger végétarien McPlant par McDonald’ avait fait grand bruit dans les médias. La fermeture de Plantera Foods a fait moins de bruit mais elle n’en est pas moins significative. Pourquoi ? Parce que cette entreprise était une filiale du géant brésilien JBS, numéro un mondial de la viande dans le monde avec près de 50 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel (17,35 milliards pour le seul deuxième trimestre de cette année fiscale). Plantera Foods commercialisait ses produits sous la marque Ozo et avait ouvert une usine de 18 000 mètres carrés en décembre… 2021. D’un autre côté, d’autres entreprises du continent Nord américain on fait de même et revu leurs ambitions végétales à la baisse. Selon les chiffres rapportés par FoodNavigator USA, les ventes de ce type de produits ont reculé de 7,2 % entre août 2021 et août 2022.

Chant du cygne ?

Faut-il y voir le chant du cygne que beaucoup attendent ? Que nenni répond Céline Laisney du cabinet AlimAvenir. Elle note que ce mouvement de recul concerne surtout l’Amérique du Nord et les États-Unis en particulier puisque JBVS, par exemple, continue de développer ce type de produits en Europe. Le problème apparaît donc structurellement américain et quelques entreprises, non des moindres, parviennent à tirer leur épingle du jeu comme Impossible Food ou Conagra. Elle précise en outre, mais c’est assez intuitif, que le climat inflationniste n’aide pas ce genre de produits et qu’après une période d’euphorie qui a vu débarquer des dizaines de produits en même temps sur le marché, nous sommes probablement entrés dans une phase de consolidation… À suivre.

Sec comme un coup de trique

Restons aux États-Unis où les producteurs de céréales d’hiver sont bien en peine ces jours-ci, contraints qu’ils sont de semer dans la poussière à cause de la sécheresse, alors que les cultures d’été ne donnent pas les rendements espérés. D’ailleurs, cette année bizarre ne l’est peut-être pas tant que cela. En effet, une étude toute récente montre que les rendements de la Corn Belt, la grande zone de production de maïs au centre du pays, vont baisser, à cause du changement climatique, de 5 à 10 % d’ici à… 2030. C’est-à-dire demain. De quoi s’interroger, certains se posent la question et se demandent s’il ne vaudrait pas mieux planter des panneaux solaires pour produire de l’électricité plutôt que du maïs, puisque, aux États- Unis, 20 % de la surface de maïs sert à faire de l’éthanol… Et que la demande et le prix de l’électricité (à cause des voitures électriques) sont sur une courbe drôlement ascendante…

Plus (bien plus) au Sud, en Argentine, les bons comptes font les mauvaises grimaces. La sécheresse et le gel ont détruit, cette année, 400 000 hectares de blés qui ne seront pas récoltés, soit une perte nette de 1,9 milliard de dollars. Excusez du peu. Et la situation n’est guère meilleure pour les cultures d’été qu’il faut implanter, en particulier le maïs et le soja. Au total, la sécheresse de ce printemps concerne 140 millions d’hectares dans le pays…

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