Vous avez dit robots ? [par Yann Kerveno]
Gwendoline Legrand est co-directrice du FIRA, salon consacré à la robotisation de l’agriculture. Où en est le développement des robots en agriculture ? Ses réponses.
Verra-t-on bientôt des tracteurs autonomes dans les champs ?
Il y a des entreprises qui travaillent dessus, John Deere a présenté un modèle au CES en Californie, Monarch Tractor commercialise le sien. Mais se développent aussi d’autres types d’outils comme des plateformes autonomes qui peuvent accueillir plusieurs types d’outils ou des robots à fonctionnalité unique.
Quelles sont aujourd’hui les grandes tendances ?
La grande évolution de ces derniers mois, de ces toutes dernières années, c’est l’entrée dans le secteur d’acteurs majeurs du machinisme, fabricants de tracteurs ou d’outils. Ils viennent s’insérer dans un écosystème développé jusqu’ici par les start-up. Ces grands acteurs investissent directement ou rachètent ces entreprises pionnières.
La vigne est un secteur qui semble plutôt en pointe sur le déploiement de robots dans les rangs…
Oui, dans la viticulture, il existe déjà en effet des robots commercialisés et qui sont, qui plus est, développés en France. Ils réalisent principalement des tâches de travail du sol, désherbage et de traitement. Pour l’autre poste très gourmand en travail à la vigne, la taille, des outils sont en développement mais ce n’est pas encore finalisé. Je reste confiante parce que cela peut aller très vite, souvenez-vous du point où nous en étions il n’y a que cinq ans en arrière et voyez où nous en sommes aujourd’hui !
Pourquoi la vigne semble en pointe sur l’adoption des robots ?
C’est vrai, c’est plus facile dans le monde viticole que dans les grandes cultures par exemple. Cela tient probablement à des questions d’investissements, de capacité financière à investir mais aussi de culture peut-être. Certains châteaux ont leur propre service de recherche et développement.
Et en arboriculture ?
Dans ce secteur, ce qui se développe aujourd’hui, ce sont surtout des robots de cueillette avec des systèmes de détection assez performants. Mais cela concerne surtout les fruits à gros volumes comme la pomme par exemple et souvent les machines sont développées pour une seule espèce… En maraîchage, c’est un peu le même schéma, ce qui est développé en ce moment, ce sont les matériels de récolte pour les légumes cultivés en planche, avec une prime aux “grosses” productions, comme la salade par exemple.
Si ces solutions sont efficaces et au point, pourquoi n’en voit-on pas plus dans les champs ?
Il y a deux freins majeurs. Le premier c’est le coût de ces engins, le second, la confiance qu’on leur accorde. Et il y a peut-être aussi la peur “symbolique” de perdre le contrôle sur son exploitation, sur ce qu’on fait. Mais ce sont des vraies solutions pour résoudre en particulier les problèmes liés à la main d’œuvre.