Parce que rien n’est jamais simple #29 [par Yann Kerveno]
Les lobbies, c’est les autres !
Il se passe des choses importantes dans le monde ces temps-ci. Il y a la COP 26 à Glasgow mais aussi la consultation menée par l’Union européenne auprès des citoyens pour savoir comment il serait possible d’intégrer les nouvelles techniques d’édition génétique dans la palette des outils disponibles pour la recherche agricole et alimentaire. Et on en apprend de belles grâce à nos confrères de Die Welt, un journal quotidien allemand (et conservateur). Qu’ont-ils révélé ? Que le groupe des élus verts au Parlement européen avait fait appel à une agence de communication pour faciliter l’expression (contre évidemment) des citoyens européens…
Message prêt à l’emploi
Comment ? Tout simplement en proposant un message prêt à être diffusé sur de l’enquête… Message qui compose près de 98 % des réponses (plus de 70 000 apportées à l’enquête). Les Verts se défendent en expliquant qu’ils ont “facilité” l’expression des citoyens, on leur accordera que c’est un sujet complexe, mais que par là même, ils les ont empêchés de réfléchir par eux-mêmes. Maintenant qu’ils ont reconnu le procédé, on attendra avec délice leur prochaine condamnation des lobbies de l’agriculture.
L’œuf végé
Mais réjouissons-nous, Européens de tous les bords, nous pourrons bientôt goûter aux œufs de Eat Just. Des œufs ? Enfin, pas vraiment puisqu’il s’agit d’une préparation végétale qui, à l’image des burgers, donne l’illusion de manger un œuf qui n’en est pas un. L’agence de sécurité sanitaire européenne ayant levé la dernière interdiction qui pesait sur un des ingrédients, la protéine de haricot mungo, ces produits seront disponibles en Europe dès le début de l’année prochaine.
L’œuf et l’embrouille
Puisqu’on parle d’œufs, causons poules. Vous aviez peut-être vu passer cette info à propos d’une entreprise qui recueillait des poules âgées de plus de 18 mois (au moment où elles sont réformées parce que leur productivité commence à baisser) pour en commercialiser les œufs. Cette société Poulehouse, elle a commercialisé 10 millions d’œufs en quatre ans, est aujourd’hui en grande difficulté financière et accuse son partenaire, Cocorette, d’être responsable de cette mauvaise passe parce qu’il ne respecte pas le contrat passé. La réponse du propriétaire de Cocorette ne s’est pas faite attendre, si le contrat est suspendu, annonce l’entreprise, c’est parce que Poulehouse a accumulé les défauts de paiements. À ce rythme-là, l’omelette sera prête pour Pâques !
Pénurie ?
Sachez que c’est le premier janvier prochain qu’entre en vigueur le nouveau règlement européen de l’agriculture biologique. Il viendra limiter en particulier le champ dérogatoire (plus de semences non-bio, plus d’aliment non-bio pour le bétail, renforcement de l’autonomie alimentaire des élevages. Le corset sera plus serré dans un contexte économique difficile par la conjugaison de la hausse des prix des matières première et l’essoufflement de certains marchés (œufs, lait…). Dans ce contexte, faut-il s’inquiéter des appels du gouvernement chinois qui enjoint ses concitoyens à stocker des aliments ? Plusieurs raisons sont invoquées, la menace d’un retour du Covid, la crainte de pénuries alimentaires, sans qu’aucune ne s’impose. Vous avez dit pénurie ?
Ce n’est pas la panique sur le marché des céréales mais l’Arabie Saoudite a annoncé avoir acquis 1,3 million de tonnes de blé au lieu des 650 000 tonnes prévues. Et a déjà presque acheté ce qu’elle avait prévu pour la campagne 2021-2022. À 377,54 $ la tonne, soit 325 euros.