Parce que rien n’est jamais simple #11 [par Yann Kerveno]
Chine : ben mon cochon !
Durement éprouvés par la peste porcine, les producteurs chinois mettent les bouchées doubles pour reconstituer leur cheptel. Et bien au-delà. On a ainsi appris que Muyuan Foodstuff avait ni plus ni moins doublé, en un an, le nombre de truies possédées et dans la foulée ravi la place de premier producteur mondial de porc. Avec 2,6 millions de truies, Muyuan Foodstuff devance désormais largement une autre entreprise chinoise, Wens Group qui ne contrôle que 1,8 million de truies (+ 0,5 million en un an). La troisième place du classement mondial est occupée par le groupe sino-américain composé par Smithfield Foods et WH group avec 1,22 millions de truies. Sur les quarante entreprises les plus importantes au monde, 15 sont chinoises et 11 sont implantées aux États-Unis. La coopérative française Cooperl et ses 245 000 truies pointent en 15e position.
Questions bigrement sanitaires
Pour la deuxième fois en quelques semaines, l’Algérie a refusé le déchargement d’une cargaison de blé, 27 000 tonnes, en provenance de France. Motif avancé, la cargaison contenait, en plus du blé, deux animaux morts, la rendant impropre à la consommation. Auparavant, c’est une cargaison canadienne, 33 000 tonnes de blé dur, qui avait été rejetée, pour non-respect des standards. Puisqu’on parle des matières premières agricoles, sachez qu’il existe de fortes tensions sur les farines de riz qui entrent dans la composition de nombreux produits, des desserts aux aliments pour bébé en passant par le vaste marché du sans gluten. Selon les opérateurs du secteur, il manque la moitié des volumes de “broken rice”, matière première de la farine, cette année par rapport à une année normale. En cause, le coup d’État récent en Birmanie et la situation catastrophique en Inde où la Covid continue de faire des ravages et désorganise le pays.
Steak de girolles ?
À l’heure où le prochain rapport du GIEC, dont quelques bonnes pages ont fuité la semaine dernière, va remettre la pression sur les gouvernants, la solution aux émissions de méthane par les ruminants pourrait venir de la… génétique. C’est en tout cas le pari d’une société anglo-danoise, Synomics, qui est parvenue à identifier le gène responsable des excès d’émissions de méthane. Ils avancent maintenant que, par une sélection appropriée, il serait possible de réduire les émissions de méthane à l’échelle des races entières. Au chapitre des chimères, revenons deux secondes sur les produits destinés à remplacer la viande. On parle de la viande de synthèse, cultivée en laboratoire à partir de cellules d’animaux, des burgers vegan à base de protéines de soja et de pois chiche, rehaussées d’un soupçon de fausse hémoglobine OGM mais les recherches ne s’arrêtent pas là. Deux technologies sont explorées par les start-up de l’alimentaire pour nous proposer des aliments protéinés sans viande, la fermentation (les entreprises de ce segment ont levé 587 millions de dollars l’an passé) et les… champignons. Enfin, le mycélium qui pourrait être la clé vers la production de pièces de fausse viande entière, et non hachée comme c’est le cas aujourd’hui. Plus besoin d’aller aux cèpes !