P.-O. : le président national des Chambres d’agriculture en soutien sur le terrain [par Thierry Masdéu]

La semaine dernière, la présidente de la Chambre d’agriculture des P.-O., Fabienne Bonet, accueillait ses homologues des Chambres régionales de PACA et d’Occitanie, ainsi que le président des Chambres d’agriculture de France, Sébastien Windsor.

En délégation, accompagnée de techniciens et membres du bureau, elle les a conduits sur le terrain auprès d’exploitations sévèrement impactées par les conséquences de la sècheresse. Comme à Espira de l’Agly où, sans irrigation possible depuis octobre dernier, la situation d’une cinquantaine d’hectares de vergers cultivés est catastrophique. “On n’a toujours pas d’eau et comme on dépend du lit de l’Agly qui reste à sec, on a perdu les récoltes et maintenant on est en train de perdre les arbres !” témoigne, accablé, Guy Banyuls, qui espère, comme l’ensemble des exploitants affectés, que certains verrous puissent sauter. Notamment concernant l’autorisation d’entreprendre un nouveau forage, plus profond d’une quarantaine de mètres que les neuf de l’actuel, pour accéder temporairement à l’eau du pliocène. “Les vergers sont en très grande souffrance et c’est notre ultime recours pour sauver les arbres qui peuvent encore échapper au tronçonnage !”

Lit de la rivière Agly à sec et encombré à Espira de l’Agly (© T. Masdéu)

Au-delà des données très faibles enregistrées concernant les niveaux pluviométriques publiées depuis le début de cette année, l’objectif de cette visite a été de montrer l’ampleur des dégâts sur les cultures. Mais aussi de sensibiliser sur le désarroi des agriculteurs tout en envisageant des solutions rapidement pour éviter, sur certaines zones, le point de non retour pour les exploitations. Autant de messages adressés à ces responsables professionnels et consulaires qui peuvent, en connaissance de cause, comme Sébastien Windsor, porter les dossiers et accentuer les pressions auprès des ministères concernés. “L’utilité de ma présence ici, c’est de prendre connaissance de la diversité des sujets et des solutions avec nos représentants locaux de la Chambre. Comprendre les enjeux des agriculteurs pour mieux les défendre et accompagner les diverses actions qui vont permettre de régler l’urgence !” souligne avec assurance le président des Chambres d’agriculture de France.

“Obtenir rapidement des aides financières, trouver des solutions pour maintenir un minimum d’irrigation là où l’eau est encore présente, essayer de faire fonctionner le système assurantiel, aider, le cas échéant, les agriculteurs à replanter… Les mesures sont nombreuses, on les déroule une à une en évaluant celles qui nécessiteront accompagnement et appui des dossiers !” Tout un cumul de multiples démarches administratives et interministérielles, sans négliger, comme a tenu à le préciser Fabienne Bonet, une présence visible sur le terrain des représentants nationaux des Chambres, pour redonner du moral aux exploitants. “Pour la partie psychologique, la rencontre avec les agriculteurs est un soutien tout aussi important que la constatation technique des dégâts. Car, on le sait, nous allons aussi avoir beaucoup de détresse à gérer et nous avons clairement abordé la crainte de suicides !” évoque avec retenue et appréhension la présidente de la Chambre d’agriculture. “Il ne faut rien lâcher, la situation est extrêmement délicate ! On a déjà eu la visite de deux ministres et aujourd’hui, ce sont nos responsables nationaux qui ont fait le déplacement chez nous. Car ce combat du quotidien, que nous menons ici dans le département avec les services de l’État et les élus, il faut qu’il soit aussi porté à Paris pour que l’on ne nous abandonne surtout pas !”

Augmenter les capacités de stockage

André Bernard. (© T. Masdéu)

Un appel sous forme de SOS pour sauver le plus rapidement possible les cultures qui peuvent l’être et mettre en place tous les mécanismes de soutien. Des procédures qu’André Bernard, vice-président des Chambres d’agriculture France, a qualifié d’extrême urgence à déployer. “L’arc méditerranéen et en particulier les P.-O. sont très impactés en agriculture fruitière et légumière et il va falloir qu’au delà de l’utilisation des fonds assurantiels et de solidarité nationale pour passer ce cap, que l’État concentre ses efforts dans l’accélération des procédures administratives, pour réaliser les ouvrages et aménagements de stockage de l’eau ! Le président Macron disait la semaine dernière qu’il fallait accélérer, là, je crois qu’il est plutôt temps d’enclencher le supersonique pour être à l’heure !” formulait avec force ce responsable national en charge des dossiers eau et gestion des risques.

Rappelant, avec quelques chiffres et une métaphore, le besoin d’intensifier la capacité des stockages. “En France, il pleut chaque année 300 milliards de m3 et l’agriculture en consomme 3 milliards, soit 1 %. Alors, pour visualiser ce que cela représente, imaginez que ce qui tombe par an équivaut à une bouteille de 1 litre. Tout ce que nous sommes capables de stocker dans toutes les retenues d’eau, voies navigables et canaux, représente 5 cl, c’est à dire l’équivalent d’un café expresso, et ce que consomme l’agriculture représente 4 ml, soit le contenant d’un dé à coudre !” détaille pédagogiquement André Bernard, qui occupe également la fonction de président de la Chambre régionale Sud PACA. “Donc, l’ambition que nous devons avoir, c’est de pouvoir stocker l’équivalent de deux cafés expresso et d’avoir le contenant de six dés à coudre pour les besoins de l’agriculture !” Des conditions qui, selon cet élu Chambre, permettraient, avec l’aide des nouvelles technologies, de relever le défi de l’adaptation au changement climatique.

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