« Nous n’avons plus d’eau dans les P-O, les touristes sont priés de filer directement en Espagne » (Par Jean-Paul Pelras)

Il va falloir s’y habituer, la question de l’eau va devenir une priorité politicienne. Plus une seule journée sans une déclaration, si possible anxiogène, sur l’état des cours d’eau, des nappes souterraines, du niveau des océans et de ce qui nous attend sur le terrain d’une sècheresse d’ores et déjà annoncée. C’est le discours du verre à moitié vide, avec l’agriculteur en pole position des boucs émissaires.

Vous l’aurez peut-être remarqué, certains élus et autres responsables politiques équipés du petit tuto écolo se chargent de le rappeler dès qu’une caméra est à l’approche, dès qu’un micro leur est proposé. Et surtout n’allez pas leur parler de « bassines » ou de réserves pouvant permettre d’irriguer, de sauver les cultures ou de lutter contre les risques naturels. Il faut interdire et détruire tout ça sans délai. Idem pour les débits réservés ; moins d’eau pour les champs et les vergers, davantage pour les petits poissons et la biodiversité.

Du sommet de l’Etat où Macron, comme il le fit avec l’énergie, prévoit un « Plan de sobriété » pour l’eau, à la plus petite commune de nos cantons, le fluide en question devient la cause politiquement correcte dont il faut absolument s’emparer. Avec, presque systématiquement, le citoyen prié de fermer le robinet et le paysan assigné au banc des accusés. L’équation est pourtant simple. Pas d’eau pas de nourriture, plus de nourriture plus d’humanité ! Il faut quand même être équipé d’une clairvoyance assez limitée pour ne pas vouloir intégrer cette évidence et se tirer une balle dans le pied depuis ces bureaux climatisés où les idéaux l’emportent désormais sur la nécessité.

« Tirez la chasse une fois par semaine, une seule douche autorisée à la quinzaine. »

L’été prochain, dans les Pyrénées-Orientales, les arboriculteurs et les maraîchers, contraints par quelques décrets, pourraient être privés d’eau. Ils ne pourront pas récolter et, pour certains, devront mettre la clé sous la porte. Les politiques et les associations environnementales étant plus compétentes pour interdire à nos paysans de produire que pour s’opposer fermement au rouleau compresseur des marchandises importées, bourrées de pesticides, produites dans des conditions sociales et environnementales de toute évidence beaucoup plus difficiles à contrôler que celles appliquées de ce côté-ci des Pyrénées.

Mais puisque nous en sommes à évoquer « l’inversion des vases communicants », pourquoi, comme me le suggérait récemment un ami agriculteur, ne pas installer un grand panneau à l’entrée du département des Pyrénées-Orientales, à hauteur de Salses le Château, disant : «  Nous n’avons plus d’eau dans les P-O, les touristes sont priés de ne pas s’arrêter ici et de filer directement en Espagne » Ou bien leur imposer, comme c’est le cas avec l’agriculture locale et la hausse des débits réservés à la biodiversité,  une diminution drastique de  leurs consommations.  « Tirez la chasse une fois par semaine, une seule douche autorisée à la quinzaine. »

Evidemment, l’injonction aurait de quoi faire hausser quelques omoplates et grincer quelques dentiers. Avec, prenons les devants, des arguments du genre : « Il ne faut pas opposer les secteurs d’activité ».

Ah bon ! parce que, à bien y regarder, si l’eau venait à manquer, entre le loisir des uns et le rôle nourricier des autres, de quel côté la balance devrait-elle pencher ? A moins que cette question soit devenue trop politiquement incorrecte pour été clairement posée !

 

Jean-Paul Pelras

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *