Millésime 2023 : une année atypique de plus [par Yann Kerveno]

Comme tous les ans en fin d’année, pendant qu’on attend la fin des déclarations de récolte, l’ICV a proposé une dégustation du millésime 2023, particulier à bien des égards.

Les échantillons avaient été placés sur les tables du domaine de Rombeau, comme à l’accoutumée, mais, c’était une nouveauté, ils avaient été regroupés par terroir et non par cépage. L’occasion de goûter et tirer les premiers enseignements de cette vendange marquée par la sécheresse durable qui frappe les Pyrénées-Orientales et le Sud de l’Aude. “Année atypique”, entendait-on autour des tables de dégustations, sans que l’on soit presque en mesure de se souvenir de ce qu’est une année typique.
“Quand on regarde bien, nous en sommes à la troisième année de sécheresse par ici, il est tombé entre 200 et 300 mm cette année, c’est entre 30 et 50 % de ce qui tombait il y a dix ou quinze ans” résume Laurent Duret qui a suivi les vignes. “En dépit des difficultés, certaines vignes se sont bien comportées, globalement, elles ont tenu le choc en dépit des conditions très difficiles. Les grenaches s’en sont bien sortis, certaines syrah aussi, mais l’effet terroir a joué à plein, notamment sur Maury ou Banyuls qui ont bénéficié de quelques pluies salvatrices” ajoute-t-il.

La grande crainte de l’été, la maturité, s’est en partie révélée infondée. “Les vignes sont allées au bout, sauf celles qu’il a fallu vendanger en vert ou très tôt pour sauver les ceps…” L’irrigation, quand elle était présente, a permis de compenser un peu les manques, mais “paradoxalement, cette année, nous avons vu que les vignes les mieux implantées, dans les sols les plus profonds sur les bords de mer, ont beaucoup souffert” ajoute encore Laurent Duret.

À la cave

Une fois les raisins rentrés, les surprises ont aussi été de la partie. “En adaptant les vinifications, on peut obtenir des choses très intéressantes, parfois même mieux que les « bonnes années »” explique Hélène Teixidor, directrice de l’ICV dans les Pyrénées-Orientales. “On avait peur de tomber sur des vins très secs, très alcooleux, et ce n’est pas le cas. Mais cela reste très irrégulier.”

L’irrégularité est aussi de mise selon les couleurs. “Les blancs sont assez frais, assez équilibrés, c’est méditerranéen, mais sans le côté « cuit ». Pour les rosés, le problème c’est la couleur, c’est difficile à maîtriser quand on a peu de jus comme cette année, c’est difficile de rester dans les clous du marché qui demande des rosés très clairs” détaille encore Hélène Teixidor. Pour les rouges, l’affaire se révèle plus compliquée. “C’est vrai qu’il faut un peu d’œnologie pour arriver à faire des vins avec ces raisins, même si les grenache, carignan et mourvèdre se sont plutôt bien comportés.”

Autour des tables, les dégustateurs du soir n’étaient pas forcément emballés par les résultats présentés qui donnaient une vision assez étendue de ce qui se passe aujourd’hui dans les chais. Une partie compliquée et technique à jouer en attendant la pluie qui ne vient toujours pas.

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