Lola, le 49-3, Castex, le foot, les riches, les autres, les champignons et le déni !

Si vous êtes nombreux à lire ces lignes chaque semaine, celles et ceux qui préfèrent regarder ailleurs le sont bien davantage. L’opinion a démissionné et le déni est devenu l’ennemi. Celui des consciences qui préfèrent hausser les omoplates et accepter l’inacceptable quand les libertés sont jugulées, quand l’égalité devient une devise à géométrie variable et la fraternité une émotion galvaudée.

J’ai écrit “Ceux qui s’arrangent et ceux qui dérangent” pour évoquer les travers du syndicalisme agricole voilà déjà 26 ans. Toujours d’actualité, ce titre peut être utilisé en toutes circonstances quand je vois des gens se satisfaire d’un 49-3, trouver normal qu’un ancien Premier ministre, moyennant 450 000 euros par an, accède à la présidence de la RATP (poste déjà occupé de 2015 à 2017 par l’actuelle locataire de Matignon), s’indigner parce que certains exigent tout simplement des comptes lorsqu’une gamine de 12 ans est sauvagement assassinée, défendre un ministre de l’Économie lorsqu’il refuse de taxer les super dividendes, féliciter, comme le fit le président de la République un footballeur qui ne respecte ni la France, ni les Français, glorifier ceux qui, comme lui, engrangent des centaines de millions et sont hissés au rang de héros nationaux parce qu’ils savent soi-disant taper dans un ballon, comprendre les députés qui s’augmentent, pardonner les ministres mis en examen, trouver des circonstances atténuantes à ceux qui trichent, mentent, se servent, méprisent, vivent au-dessus de “nos” moyens.

Sans oublier, bien sûr, ceux qui ont déjà oublié l’injonction de l’injection, qui sont prêts à acheter des voitures électriques sans savoir s’ils pourront les faire fonctionner un jour et qui, dans le même temps, sont resignés à écouter les conseils de la dame qui leur dira de baisser la température, le soir à la télévision.

Quand la contestation est devenue un pis-aller

Lorsque vous avez fait le tour de cette liste de soumissions bien entendu non exhaustive, vous vous dites qu’il vaut mieux lâcher l’affaire, décrocher son panier et filer aux champignons. Car la contestation, fortement diluée dans l’exutoire placebo des réseaux sociaux, est devenue un pis-aller, un palliatif que l’on consulte comme on joue aux mots croisés, dans un pays où toute forme d’opposition a été pulvérisée par le stratège d’une poignée de financiers et de leur dévoué petit banquier. Lequel n’aura aucun mal à terminer son mandat si l’on considère les gesticulations de ses adversaires qui, sous couvert de wokisme, de féminisme, d’antispécisme ou d’écologie, dénoncent la virilité du barbecue, prônent le droit à la paresse, la déconstruction, l’anarchie ou, entre autres propositions susceptibles de vous couper définitivement l’appétit, la nécrophagie.

Rajoutons à cela la complaisance d’une presse quotidienne subventionnée et vous obtenez un débat systématiquement calibré, avec un traitement et une hiérarchisation de l’actualité orientée, avec des journalistes qui voient des complotistes partout, avec des éditorialistes qui usent moins leurs chapeaux que leurs genoux.

En résumé, la messe est dite. Il n’y aura pas de vagues, pas de tsunamis, à part peut-être ceux qui viendront opportunément juguler les contestations à l’aune des épidémies. Les milliardaires continueront de prospérer, les ministres de pantoufler, les parlementaires d’encaisser et le peuple d’acquiescer entre deux élections où, dépité, il n’aura plus ni la force, ni la volonté de se déplacer.
Alors, le déni, bien commode, si confortable, tellement douillé, aura fini par l’emporter sur la conscience, le panache et l’acuité qui, jusqu’ici, veillaient sur la France et sur nos libertés.

Jean-Paul Pelras

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