Lettre au préfet : mise en place des ZFE [par Robert Massuet]

Monsieur le Préfet,
c’est avec une grande inquiétude que nous voyons arriver l’élargissement des zones à faibles émissions (ZFE) à la ville de Perpignan et à quelques communes alentour. Nous avons évidemment été très étonnés du choix arbitraire des communes concernées, mais dans ce dossier ce n’est pas le plus surprenant.
En effet, alors que rien n’est prêt, qu’aucune solution alternative n’existe, et que le pouvoir d’achat de nos concitoyens est sérieusement entamé, on crée pour les artisans, pour leurs salariés et pour leurs clients, une nouvelle charge, pour des raisons purement idéologiques. De nombreuses entreprises ne pourront pas acheter de nouveaux camions, de nombreux salariés ne pourront pas changer de voiture et de nombreux clients vont encore un peu plus éviter les commerces de centre-ville… Voilà la réalité de ceux qui essaient de faire tourner l’économie de notre pays.

Si nous partageons la volonté d’améliorer la qualité de l’air, nous considérons néanmoins que les conditions de mise en place de ZFE ne sont aujourd’hui pas réunies pour permettre aux entreprises artisanales de répondre à toutes leurs exigences, notamment en raison de l’absence actuelle d’offres de véhicules adaptés.
Avant la mise en place des ZFE, nous demandons donc que :
• Les pouvoirs publics incitent les fabricants à développer rapidement une offre de véhicules (véhicules utilitaires légers – VUL -, camionnettes, camions) répondant aux exigences de la nouvelle règlementation, offre économiquement viable et techniquement adaptée. Nous en sommes très loin !
• Soient augmentées la capacité de la charge embarquée et l’autonomie des véhicules et que des informations techniques précises soient faites aux professionnels.
• Soient implantées en nombre suffisant des bornes de recharge au sein des métropoles (électricité, hydrogène…).
• Les ressources de la TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) soient fléchées vers des actions de recherche et développement en vue de proposer des solutions alternatives au gasoil.
• Le plafonnement à 3,5 tonnes pour les véhicules utilitaires légers propres soit porté à 4,5 tonnes pour tenir compte du poids des batteries tout en permettant aux artisans, notamment du bâtiment, de conduire ce type de véhicule avec le permis B.

Concernant la mise en application de la règlementation des ZFE, nous demandons que :
• Des dérogations de 5 ans soient accordées pour que les entreprises puissent prévoir le changement de leurs véhicules dans leurs plans de financement.
• Les calendriers de mise en place des ZFE soient en phase avec la mise sur le marché de solutions disponibles (véhicules, bornes de recharge…), économiquement viables et techniquement adaptées.
• Des guichets uniques de proximité soient mis en place, sur l’ensemble du territoire, à destination des professionnels, notamment pour améliorer la lisibilité des aides.
• Des dérogations exceptionnelles soient autorisées en cas d’interventions de dépannage.

Nous attirons votre attention sur l’exaspération des entreprises artisanales qui travaillent localement, en circuits souvent très courts, sur des emplois non délocalisables, avec une impossibilité d’optimisation fiscale et qui vont se retrouver à nouveau contraintes. Dans le même temps, les grands groupes, en délocalisant l’industrie, ont délocalisé leur pollution dans des pays beaucoup moins sourcilleux sur l’environnement, comme ils ont délocalisé leurs bénéfices dans les paradis fiscaux.
Nous sommes très clairs sur un point : en l’état, la règlementation sur les ZFE n’est pas applicable sur notre territoire et s’il n’est pas rapidement fait machine arrière, nous mobiliserons les artisans de tous les métiers puisqu’ils sont tous concernés, contre cette règlementation.
En espérant que nos craintes seront prises au sérieux, nous vous adressons, Monsieur le préfet, nos salutations distinguées.

Robert Massuet
Président UPA 66

Une réflexion sur “Lettre au préfet : mise en place des ZFE [par Robert Massuet]

  • 9 juin 2022 à 19 h 30 min
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    Ras le bol de l’écologie punitive.
    Comment ferons nous dans les campagnes pour recharger nos voitures électriques si on a les moyens financiers d’en acheter une, on a déjà beaucoup de mal a se servir de nos téléphones portables car on tellement bien desservis par les antennes relais. On est presque obligé de monter sur une colline pour pouvoir capter.
    Alors j’imagine bien si l’organisation est aussi bonne pour les bornes de recharge.
    Quelle pagaille

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